Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 00:56
Colons sur un tas de crânes de bisons..

Colons sur un tas de crânes de bisons..

Source : Marc Mermerian

 

Retour sur le plus grand génocide de tout les temps, la création des Etats-Unis d'Amérique..

 

Partager cet article
Repost0
11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 16:11
Vincent Badré : L'Histoire fabriquée ? - Ce qu'on ne vous a pas dit à l'école.. (ITW audio) [VF]

Vincent Badré, jeune professeur d'histoire-géographie, s'interroge après bien d'autres sur les approches variables de l'Histoire dans les manuels et les programmes, au gré des époques ou de l'opinion du moment.

 

«Les manuels ont tous été renouvelés entre 2009 et 2012. On y repère une méthode largement utilisée : ils utilisent souvent un choix d'exemples orientés par le souci de faire découvrir des valeurs dominantes d'aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'une volonté délibérée, mais de l'influence indirecte de ces valeurs sur les rédacteurs des manuels», note-t-il en introduction avec pertinence, bien que dans un style assez peu littéraire...

 

Par exemple, au détour d’une double page sur le débat démocratique à Athènes au Ve siècle av. J.-C., on peut lire que >«la peine de mort n’empêche aucun crime»… On peut très légitimement agréer cette opinion mais sa place est-elle dans un commentaire sur un passé très lointain  ? On peut en douter et le danger, ici, est celui de l’anachronisme, péché mortel de l’historien et de l’étudiant en histoire  ;: en appliquant au passé des jugements contemporains, on s’interdit de comprendre les mentalités de nos ancêtres et les motivations de leurs actions.

 

Dans l’idée de corriger ces dérives, l’auteur a entrepris de recenser l’une après l’autres toutes les idées reçues qui font polémique, de l’Antiquité à notre époque.

 

À chaque fois, il présente «la fabrique d’une idée reçue», avec ce qu’on en dit dans les manuels et ce qu’elle peut contenir de vrai, ainsi que «l’Histoire à découvrir», autrement dit la réalité qui se cache derrière ladite idée reçue.

 

La démarche est intéressante mais elle eut mérité d’être mieux structurée. On se perd en effet dans le dédale des idées reçues, de leur manière dont elles sont formulées, de ce qu’elles peuvent contenir de vrai et de ce que nous dit réellement l’Histoire.

 

 
Partager cet article
Repost0
25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 13:35
ITW de Dominique JONGBLOED relatif à ses impressions aux retour de l'expédition EPR2 (22/07/2014)

Source : DOMINIQUE JONGBLOED

Vu sur : Herbo Yves

 

Ce film présente le point de vue personnel de l’explorateur Dominique JONGBLOED, sur ce qu’il a exploré dans la vallée de Visoko, en Bosnie-Herzégovine, à l’occasion de son expédition EPR2.

 

Ce regard sur son expédition n’engage que lui et n’est pas le reflet ou un extrait du compte-rendu de l’exploration qui sera remis prochainement, et de manière officielle, aux autorités de Bosnie-Herzégovine, au Parc Archéologique « pyramide du Soleil », aux organismes scientifiques et laboratoires ayant participé à l’examen des sons, des images, des films, des prélèvements d’eau et de terre, de roches, etc.

 

Tirer des conclusions à partir du ressenti de l'Explorateur serait une réaction inadéquate et surtout non scientifique.

 

Ce film vous parle simplement de ce qui a été fait, de ce qui a été vu, de ce que lui déduit de sa propre expérience mais ne peut en aucun cas remplacer l’étude scientifique en cours qui, associée au travail de l’Explorateur, donnera alors un document et des résultats cohérents, exploitables, ... et surtout indiscutables.

 

 

Aller plus loin :

 

 

Partager cet article
Repost0
14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 18:15
La 6ème face du Pentagone - 1968 (Doc) [VF]

À Washington, le 21 octobre 1967, une marche d’opposition à la guerre au Vietnam prend la direction du Pentagone. Des images enregistrées, Chris Marker va tirer un film qui interroge le melting-pot américain et l’engagement politique de la jeunesse.

 

Le film évoque plusieurs figures de contestation qui resteront célèbres : l'attachement des étudiants à Che Guevara (son image est utilisée lors de la manifestation), la photographie de Marc Riboud (prise lors de la marche) montrant une étudiante qui donne une fleur à une rangée de soldats, fusils en avant et qui symbolisera l'action pacifiste des étudiants face à l'armée américaine.

 

Tous les films de Chris Marker sont engagés politiquement et se veulent révolutionnaires (au sens large). Pékin, Cuba, Sibérie (communiste) sont les lieux de prédilection de ses documentaires. Il a beaucoup traité des thèmes de la lutte contre l'oppression (guerre, conflits, Viêt Nam, Bosnie-Herzégovine), de la lutte syndicale et ouvrière.


Sa renommée internationale est venue avec le court métrage La Jetée (1962), qui a inspiré Terry Gilliam pour son film L’Armée des 12 singes.

 

Merci à DJP pour le film. :)

 

Partager cet article
Repost0
14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 16:07
Les Atlantes VIII : Edfu, le Chemin de la Compréhension (Doc) [VF]

L'épisode manquant de la série « Les Atlantes et l'Ecole des Mystères » ! Les autres parties sont disponibles sur ces liens :

 

 

 

 

 

 

Je ne peux que vous conseiller de profiter de l'intégralité de la série, bon visionnage à toutes et tous. Merci à toutes celles et ceux qui m'ont permis de mettre la main sur ces "introuvables" du net. :)

 

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 21:14
Les Atlantes IX : Kom Ombo, Portail pour la Liberté (Doc) [VF]

Cette science et cette grande sagesse était parvenue en Égypte des siècles plus tôt avec les réfugiés du continent disparu, l'Atlantide, où de grandes réalisations humaines avaient été accomplies. De ces Atlantes rescapés du désastre, sans doute les plus sages, vint la connaissance des lois naturelles et des principes secrets qui permirent à l'Égypte de s'élever du plus primitif état d'existence à un niveau supérieur dans le domaine des arts et des sciences.


Ce fut durant cette période d'une centaine d'années seulement, où la grande sagesse fut apportée en Égypte et joyeusement acceptée par ses souverains, que l'Égypte abandonna ses huttes grossières et ses habitations souterraines, créa sa magnifique architecture et construisit ces édifices prestigieux, et développa son artisanat merveilleux jusqu'à son apogée. L'Ancien Empire est d'ailleurs considéré comme l'âge d'or de l'Égypte.

 

Mais la prêtrise païenne découvrit bientôt que cette grande connaissance et cette sagesse affaiblissaient son influence sur le peuple. C'est pourquoi elle inventa et établit officiellement ses principes religieux mythologiques qui graduellement amenèrent les Égyptiens à des croyances basées sur des idées superstitieuses, et détruisirent leur foi en leurs propres pouvoirs et capacités et en firent des mercenaires stupides et irréfléchis et des esclaves. Les enseignements de cette prêtrise furent soigneusement établis de siècle en siècle pour cacher la sagesse et détruire l'œuvre des anciens maîtres.

 

Ce fut dans le but de préserver cette sagesse secrète et ce grand héritage de connaissance et d'empêcher sa disparition complète du pays d'Égypte que certains des plus sages souverains et diplomates Égyptiens furent amenés à établir les Écoles Secrètes de Mystères. Nous parlons de ces écoles comme s'il y en avait eu de nombreuses en Égypte. En fait, il n'y avait qu'une école de mystères bien qu'elle ait eu un certain nombre de branches ou de lieux d'enseignement dans différentes parties d'Égypte. Les enseignements et les activités de cette organisation ne représentaient qu'une école. On ne lui donna aucun nom et elle n'eût aucun symbole particulier autre qu'une marque par laquelle un membre pouvait l'identifier ou se faire reconnaître lui-même comme initie. L'inscription indique que le siège ou principal centre des écoles de mystères d'Égypte se situa d'abord dans l'ancienne ville de Philadelphie, puis a Memphis avec une branche dans un lieu appelé Mizraïm, puis plus tard encore à Thèbes et à Louxor. Finalement, le dernier siège des Écoles de Mystères fut Akhetaton, la ville d'Akhénaton, sur les rives du Nil, à l'emplacement de l'ancienne ville de Tell el-Armarna.

 

Afin que la vie des étudiants de ces écoles de mystères, soigneusement choisis, éprouvés et préparés, puisse être protégée et afin qu'ils puissent se réunir en toute sécurité pour les cours et les études, un système très complexe d'activité secrète fut inventé et graduellement perfectionné.

 

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 15:24
LA VALISE OU LE CERCUEIL (Doc) [VF]

Vu sur : les moutons enragés

 

A une époque où règnent la pensée unique et le politiquement correct, il est nécessaire d'ouvrir toutes les sources d'information afin de sortir des idées reçues et des clichés concernant l'histoire récente de la France.


Les gouvernements successifs cachent aux Français ce qu'il s'est réellement passé en Algérie pendant la période Française.


Face à l'omerta des chaines de télévision et au silence des politiques, nous avons décidé de mettre à votre disposition le film documentaire "LA VALISE OU LE CERCUEIL" sur internet, afin que la vérité historique soit connue du plus grand public, au plan international.

 

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 16:16
Le calendrier d'Adam, la plus vieille structure construite par l'homme sur Terre, il y a 75 000 ans.

Le calendrier d'Adam, la plus vieille structure construite par l'homme sur Terre, il y a 75 000 ans.

Source : Tistryaprod

 

Michael Tellinger évoque ses recherches concernant les millions de stones circles qui existent sur le sol de l'Afrique du Sud. Il nous explique en quoi ceux-ci étaient en fait des générateurs d'énergies libres qui utilisaient des technologies de fréquences sonores et d'électro-magnétisme émanant de la Terre.

 

Il nous montre ensuite comment on peut faire le lien entre ces structures de pierre, la civilisation sumérienne, et le mythe des Anunakis, les "êtres qui sont venus du ciel".

 

Merci à Lasorciererouge pour le lien :)

 

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 11:04
Les messages secrets de « La Flûte enchantée »

Source : Philippe Benhamou

 

© Philippe Benhamou (adapté des Grandes Enigmes de la Franc-maçonnerie ed. First 2007)

 
Un soir de première au Theater auf der Wieden

 

La salle est comble, ce soir du 30 septembre 1791. Bourgeois, commerçants, ouvriers, valets et servantes, tous se pressent au guichet du Theater auf der Wieden, car Mozart va diriger la première de La Flûte enchantée. Depuis plusieurs mois, Emanuel Schikaneder, l’ami de Mozart, comédien, chanteur et surtout directeur du théâtre, tente de garder le secret sur l’histoire de cette Flûte enchantée qu’il a montée avec sa troupe. Mais les rumeurs ont déjà circulé. Il paraît que cette fois, il y aura encore plus de surprises : costumes et décors insolites, machineries de théâtres toujours plus extravagantes. Une histoire pleine de rebondissements avec des farces comme le public les aime, mais aussi de l’amour, du tragique et du mystère. Côté décor justement, les spectateurs ne vont pas être déçus puisque Schikaneder a mis en scène un serpent géant, des temples égyptiens, des palmiers, des animaux sauvages et même, paraît-il, un volcan et des cascades !
 
Mozart est arrivé tôt. Il est passé au théâtre pour apporter aux musiciens la partition de l’ouverture qu’il a terminée dans la nuit. Puis il a rejoint la troupe dans l’auberge qui jouxte le théâtre. Ensemble, ils ont déjà arrosé cette première. Tout est en place. Emanuel Schikaneder a endossé son costume de scène fait de plumes multicolores qui le fait ressembler à un perroquet. Josepha Hofer, la sœur de Constance, la femme de Mozart, ajuste la robe bleu nuit et argenté de la Reine de la nuit. On lui a dit en plaisantant qu’elle ressemblait à la grande Marie-Thérèse, l’archiduchesse d’Autriche, celle qu’on appelait « l’Impératrice », celle qui a profondément marqué de sa main de fer la vie de la capitale autrichienne. La jeune Anna Gottlieb se chauffe la voix. Elle ne sait pas, bien sûr, que le rôle de Pamina qu’elle s’apprête à chanter va être le plus important de sa carrière - elle n’a que 18 ans !
 
Mais le temps presse, il est 19 heures et, du pupitre, Mozart fait retentir les premiers accords de l’ouverture. Tout d’abord un accord franc et violent, suivi de deux accords, puis de deux autres accords. Une cadence donc basée sur le nombre cinq. Puis vient une fugue franche et rythmée qui se termine par une triple batterie de trois accords. Une cadence en cinq coups, trois accords en mi bémol, tonalité comportant trois bémols à la clef. Les amis francs-maçons de Schikaneder et Mozart, assis dans le public, sourient et s’échangent des clins d’œil complices. Cinq, le nombre du compagnon, trois celui de l’apprenti, trois fois trois celui du maître… On leur avait dit que cette Flûte enchantée leur serait familière.

Ça commence bien !
 
La franc-maçonnerie dans l’Autriche des Lumières

 

On connaît bien sûr le Mozart compositeur, et l’on sait que Mozart a été franc-maçon, mais on oublie souvent qu’il a été plus que cela. Il a été profondément marqué par la franc-maçonnerie et son œuvre, en particulier La Flûte enchantée, est empreinte des valeurs que la franc-maçonnerie du 18e siècle partageait avec la philosophie des Lumières.
 
Le destin de la franc-maçonnerie était, à cette époque, lié à l’attitude du souverain régnant à son égard. En Autriche, l’impératrice Marie-Thérèse protégeait la franc-maçonnerie. Elle la protégeait tellement qu’en 1738 la condamnation du pape Clément XII ne fut même pas publiée en Autriche. Avec cette protection, Vienne était devenue la capitale maçonnique de l’Europe de l’Est et le refuge de nombreux proscrits persécutés pour leurs idées par l’Église. Mais cette protection ne dure qu’un temps et Marie-Thérèse d’Autriche commence à soupçonner l’unique loge viennoise de conspirer contre son pouvoir. Elle leur envoie la police, les frères sont arrêtés, puis rapidement relâchés faute de preuves. Il semble surtout que Marie-Thérèse d’Autriche était lassée des frasques de son époux. Elle le soupçonnait de se servir de la franc-maçonnerie comme alibi pour vivre tranquillement une vie extra- conjugale débridée, lui qui, par ailleurs, lui avait fait seize enfants ! Mais l’attitude de Marie-Thérèse d’Autriche jeta le discrédit sur la franc-maçonnerie, qui traversa alors une longue période de disgrâce.
 
La franc-maçonnerie fut réinstallée et protégée par son fils, l’empereur Joseph II, à partir de 1780. Ce fut alors l’âge d’or de la maçonnerie autrichienne. Phénomène de mode, attrait pour la nouvelle philosophie des Lumières, toute l’élite culturelle de Vienne est membre d’une loge. Les francs-maçons ne se cachent plus et organisent même régulièrement de grandes réunions publiques et des concerts de charité.
 
Frère Mozart, compositeur franc-maçon ou franc-maçon compositeur ?

 

Tenue de loge dans l'Autriche du 18e.
En bas à gauche, une main sur le cœur: Mozart

 

Le 14 décembre 1784, Mozart est initié dans la loge La Bienfaisance dirigée par Ignas von Born, qui fut certainement pour lui une sorte de père spirituel. Mozart va gravir très rapidement les degrés puisqu’il deviendra compagnon en mars 1785 et sera initié au grade de maître à peine un mois plus tard. Emanuel Schikaneder était, lui aussi, franc-maçon. Il fut initié en 1788 dans une loge de Ratisbonne. Mais, au contraire de Mozart, Schikaneder ne semble pas avoir été un très bon franc-maçon. Il est exclu de sa loge moins d’un an après son initiation. On ignore la raison exacte de ce renvoi. Une sombre histoire de malversation financière ? C’est probable, mais peut-être que son métier de comédien ne lui permettait pas de se libérer, ou qu’il était trop libertin pour fréquenter la fraternité. Toujours est-il qu’il n’a pas dépassé le grade de compagnon et qu’il ne possède pas toutes les connaissances maçonniques de Mozart.

 

Aujourd’hui, les réunions maçonniques s’organisent en suivant un rituel qui est souvent rythmé par la musique. Un membre de la loge est en général chargé de composer une sorte de programme musical et de lancer les disques au bon moment.
 
Au temps de Mozart, une petite formation musicale était chargée de jouer les airs dédiés à chaque événement de la loge. Mozart composa de nombreux morceaux de musique pour les cérémonies de loges. Il a ainsi fait cadeau à ses frères des cantates de La Joie des maçons, exécutée lors d’un banquet de loge à Vienne, de L’Ode funèbre , composée pour deux francs-maçons disparus, du Voyage du compagnon , écrit pour l’initiation au grade de compagnon de son propre père Léopold, et surtout de la cantate L’Éloge de l’amitié, qu’il composera juste avant sa mort.
 
Mais je n’ai jamais écrit d’opéra féerique…

 

C’est en mars 1791 qu’Emanuel Schikaneder propose à Mozart de monter ensemble un opéra basé sur Lulu ou la Flûte enchantée, une histoire féerique tirée des contes orientaux de Wieland. On rapporte que Mozart lui aurait répondu : « Mais je n’ai jamais écrit d’opéra féerique. » C’est vrai que les précédents opéras du compositeur, Les Noces de Figaro, Don Juan et Cosi Fan Tutte racontent de vraies histoires avec des personnages réels. Mais une lecture plus fine de ces trois œuvres a permis d’y déceler déjà des allusions à l’initiation maçonnique, éléments qui seront encore plus explicites dans La Flûte enchantée.
 
C’est certainement l’attrait de Mozart pour l’Égypte qui l’a poussé à accepter l’offre de Schikaneder. En effet, le livret de La Flûte enchantée va puiser également dans Sethos, roi d’Égypte, ancien conte égyptien de l’abbé Jean Terrasson qui met en scène un prêtre égyptien, ainsi que dans la pièce Thamos, roi d’Égypte du baron Gebler, que Mozart avait d’ailleurs mise en musique à la demande de l’auteur en 1773. Les titres montrent l’attrait de l’époque pour l’Égypte, alors considérée comme le berceau de toutes les connaissances et le lieu privilégié de tous les secrets. Mozart pensait, comme beaucoup de francs-maçons de son époque, que la source de l’initiation était à chercher dans la tradition égyptienne. C’est à cette époque qu’un certain Joseph Balsamo, plus connu sous le nom de Cagliostro, fonde, à Lyon, un rite égyptien en mélangeant magie, alchimie, spiritisme et même sorcellerie.


Ces pratiques étaient très à la mode et fascinaient les intellectuels du 18e siècle. Mais plus encore, Cagliostro va briser les tabous en fondant un ordre maçonnique acceptant les hommes et les femmes. Comme nous le verrons par la suite, Mozart était très sensible à un certain idéal concernant l’égalité entre les hommes et les femmes. Quant à Schikaneder, en habile directeur de théâtre qu’il était, il sait que le mystère peut rapporter gros. Il connaît son public et sait qu’il lui faut des histoires merveilleuses, du tragique et de la comédie, des effets spectaculaires et une musique enlevée et rapide, comme celle qui retentit à l’ouverture de La Flûte enchantée.

 

Le rideau se lève sur le mystère

 

À peine les derniers accords de l’ouverture sont-ils lancés que le rideau se lève sur un décor rocheux, parsemé d’arbres et entouré de collines infranchissables. Sur le côté, on aperçoit un temple circulaire. Sur la scène, Tamino, jeune prince en costume de chasse oriental, est poursuivi par un serpent géant. Le décor est en place, le conte de fées peut commencer

 
L’histoire se passe dans une lointaine contrée non précisée dans le livret. Aujourd’hui, on aurait dit, comme dans La Guerre des étoiles, « Long ago, in a galaxy far far away »… Mais au 18e siècle, ce n’était pas la peine d’aller si loin. Le costume oriental de Tamino suffit à situer l’action dans le monde mystérieux qu’était l’Égypte aux yeux des femmes et des hommes de l’époque. En plus d’être à la mode, situer une histoire dans un Orient encore inconnu et mystérieux permettait aux auteurs de se livrer à toutes les fantaisies
 
Sur la scène, Tamino désarmé implore les dieux puis s’évanouit devant la menace. Au moment où le serpent s’apprête à le dévorer, les portes du temple s’ouvrent comme par enchantement et trois dames voilées et armées apparaissent.
 
 
Trois dames sortant d’un temple ? Voilà encore une allusion qui fait sourire les amis francs-maçons de Mozart. Les francs-maçons, tout comme les adeptes des théories du complot, frétillent à la vue du nombre trois. Il est vrai que ce nombre est le nombre de l’apprenti franc-maçon.  Son âge rituel est de 3 ans. Le Grand Architecte de l’univers en qui les francs-maçons voient le principe créateur du monde est représenté par un delta lumineux (c’est-à-dire un triangle équilatéral). La marche de l’apprenti (c’est-à-dire la gestuelle rituelle) est composée de trois pas. La batterie (c’est-à-dire le battement rituel des mains) est composée de trois coups. Le nombre trois est donc un véritable signe de reconnaissance pour les francs-maçons et Schikaneder et Mozart le savent bien. Mais il ne constitue pas, en soi, un message secret, un dévoilement, ni une formule magique ou sacrée. La répétition de la référence au trois agit plutôt ici comme un indice qui semble dire au spectateur : « Même si ce qui va se passer par la suite va vous paraître incompréhensible, soyez attentif, car nous, Mozart et Schikaneder, y avons dissimulé un message dont vous devrez trouver le sens caché».  C’est en tout cas ce que montre habilement Jacques Chailley dans son livre La Flûte enchantée, opéra maçonnique.
 
 
Mais revenons sur scène : les trois Dames, servantes de la Reine de la nuit, tuent le serpent et disparaissent. Tamino se réveille et voit le serpent mort et un drôle d’individu habillé de plumes multicolores. C’est Papageno, joué par Schikaneder. Papageno est un homme simple, un peu menteur, qui se contente de ce que la vie lui apporte. Lorsqu’il fait croire à Tamino que c’est lui qui a tué le serpent, les trois servantes réapparaissent et, pour le punir de ses mensonges, lui clouent le bec avec un cadenas. Mais elles offrent surtout à Tamino le portrait de Pamina, la fille de la Reine de la nuit. Bien sûr, comme dans tous les contes de fées, Tamino tombe immédiatement amoureux de Pamina. La Reine de la nuit apparaît et lui apprend alors que sa fille a été enlevée par Sarastro, grand prêtre d’Isis et d’Osiris. Tamino lui promet de partir avec Papageno pour délivrer Pamina. Les trois dames offrent une Flûte enchantée à Tamino et un petit carillon à Papageno à qui elles rendent la parole. Trois jeunes garçons, beaux, doux et sages, sont chargés de les guider jusqu’au palais de Sarastro. Ainsi, le décor est planté, nos deux héros sont chargés de délivrer une princesse emprisonnée, jusque-là, rien de très original !
 
Le premier acte se poursuit dans une salle richement décorée dans le style égyptien. Un Maure nommé Monostatos tient Pamina prisonnière. Monostatos fait sortir les esclaves afin de rester seul avec Pamina. Inutile d’aller plus loin, les spectateurs ont bien compris les intentions de Monostatos. Mais Papageno arrive à ce moment et fait fuir Monostatos. Papageno révèle alors à Pamina qu’un beau prince va venir la délivrer et tous les deux entonnent un hymne à l’amour qui donne du sel à chaque jour de la vie et qui fait tourner la roue de la nature. De son côté, Tamino, toujours guidé par les trois jeunes garçons, arrive devant trois temples dédiés respectivement à la Sagesse, à la Raison et à la Nature. Tamino est refoulé des temples de la Raison et de la Nature, mais, à la porte du temple de la Sagesse, un prêtre lui dévoile que Sarastro n’est pas celui que lui a décrit la Reine de la nuit, mais un être de bonté et de lumière.
 
Coup de théâtre !

 

 

La vérité éclate : la Reine de la nuit a trompé Tamino ; Sarastro est un grand sage qui règne sur le monde de l’esprit et non le monstre qu’elle lui a décrit. Les rôles sont inversés : les gentils deviennent les méchants et les méchants les gentils ! Sarastro n’a pas enlevé Pamina, mais l’a plutôt protégée de l’influence néfaste de sa mère. La dernière réplique du premier acte revient à Sarastro : « Conduisez ces deux étrangers dans le temple des épreuves, couvrez-leur la tête, car ils doivent d’abord être purifiés ». Le rideau tombe. La Flûte enchantée pourrait s’arrêter là, mais l’histoire est juste suspendue. 

 
C’est l’entracte.
 
La Flûte enchantée singspiel ou opéra initiatique ?

 

Dans le théâtre, les commentaires vont bon train. Pour le public profane, La Flûte enchantée est avant tout un singspiel, c’est-à-dire un divertissement musical, une opérette, une comédie musicale plutôt qu’un opéra. Les airs alternent avec les parties parlées et les ballets. Mais dans ce singspiel plutôt léger et destiné à distraire, Schikaneder et Mozart ont introduit des thèmes profonds qu’ils ont médités en loge, avec leurs frères. Les francs-maçons discutent avec empressement de ce premier acte. Chacun y va de son interprétation sur une allusion, une évocation. Le temple dédié à la Raison, c’est le temple de la franc-maçonnerie ! Le soleil de Sarastro et la lune de la Reine de la nuit que Schikaneder a placée dans le décor ne sont-ils pas les mêmes que ceux qui ornent les temples ?  Certains pensent avoir reconnu, dans le personnage de Sarastro, Ignas von Born, l’ancien vénérable de la loge de Mozart, décédé deux mois plutôt. Mozart admirait von Born et il est certain qu’ensemble, ils avaient imaginé fonder un nouvel ordre maçonnique basé sur la tradition égyptienne et dans lequel les hommes et les femmes seraient à égalité devant l’initiation.

 

Mozart est très sensible au message universel diffusé par la franc-maçonnerie du Siècle des Lumières : l’amour est aux hommes ce que la gravitation est à la matière, une grande loi universelle qui assure la cohésion. Pour le public franc-maçon habitué à jouer avec les symboles, il est clair que La Flûte enchantée se présente comme un combat entre deux mondes dans lequel on peut voir une représentation symbolique de la lutte entre le bien et le mal, le jour et la nuit, la connaissance et la superstition. Pour les intellectuels du 18e siècle, l’issue de ce combat est certaine, c’est la victoire annoncée de l’esprit des Lumières.
 
Ces idées qui ne pouvaient que bousculer l’Europe du 18e siècle nous sont bien connues, car toujours au cœur des combats de société : l’égalité des hommes et des femmes, l’émancipation et la responsabilité des personnes, l’accès à la connaissance, l’amour et la fraternité humaine. Ils préparent l’avènement d’une spiritualité simple et naturelle, détachée des dogmes religieux et accessible à tous. Bien entendu, l’Église ne voit pas d’un très bon œil cette tentative d’émancipation, cette « audace de la pensée », pour reprendre les termes d’Emmanuel Kant pour qualifier l’esprit des Lumières.
 
L’entracte se termine, les spectateurs regagnent leur place. Mozart donne le coup d’envoi du second et dernier acte qui va intriguer les spectateurs par son côté mystérieux et énigmatique.
 
Un second acte réservé aux initiés

 

Le rideau se lève sur un décor bien différent de celui du début du premier acte. Ici, point de rochers ni de montagnes infranchissables. Les spectateurs découvrent sur scène une large palmeraie composée d’arbres d’or et d’argent qui rappellent le soleil et la lune. Au paysage désordonné du premier acte répond un paysage domestiqué où l’on reconnaît l’action de l’homme. La nature n’est plus un piège qui enferme Tamino, mais un lieu ouvert propice au recueillement. Schikaneder et Mozart ont fait placer des pyramides dans ce décor. Elles rappellent au profane que la scène se déroule bien sûr en Égypte, mais elles incitent les initiés à se plonger dans les fameux mystères égyptiens si chers à Mozart. Dix-huit sièges sont disposés d’une façon ordonnée. Ils attendent les prêtres qui vont apparaître en procession encadrant Sarastro. Dix-huit ! Encore un clin d’œil aux amis francs-maçons de Mozart : 18, soit 2 fois 3 fois 3, qui correspond à la batterie du grade de maître. La musique est moins légère qu’au premier acte. Les thèmes sont plus solennels. Nous sommes bien à la porte du temple
 
Aujourd’hui, comme au temps de Mozart, les nouveaux francs-maçons sont initiés lors d’une cérémonie au cours de laquelle les candidats vont subir des épreuves symboliques. Chaque épreuve est associée à un voyage et à un élément : la terre, l’air, l’eau et le feu. Au début du second acte de La Flûte enchantée, les prêtres avertissent les candidats des épreuves qui les attendent : « Celui qui emprunte cette voie pleine d’embûches /Sera purifié par le Feu, l’Eau, l’Air et la Terre/S’il sait surmonter la crainte de la mort/Il s’élèvera de la terre vers le ciel ! »

 

La première épreuve, associée à la Terre, est aussi appelée le « cabinet de réflexion », puisqu’elle ne se déroule pas en loge, mais dans un lieu sombre, censé être sous terre. Dans la pratique, point de cave ou de tombeau, mais de petites alcôves peintes en noir. En ce lieu, le candidat est appelé à méditer sur lui-même et sur ses motivations. Cette première épreuve est également associée à la mort puisque toute initiation, c’est-à-dire toute renaissance à une vie nouvelle, commence par une mort heureusement symbolique bien sûr ! Un crâne rappelle au candidat sa nature mortelle, les vanités de la vie et la brièveté de l’existence humaine. Dans La Flûte enchantée, Tamino va également subir l’épreuve de la terre qu’il comparera à une « abominable nuit ».

L’épreuve de l’air qui suit celle de la terre est annoncée dans La Flûte enchantée par la venue des trois enfants sur un char volant. La musique se fait légère, sans basse, comme suspendue dans les airs. C’est aussi lors de ce passage que Tamino joue de la flûte, instrument à vent, alors que Papageno, lui, joue d’un instrument à percussion. Comme Tamino et Papageno, le profane qui se présente aujourd’hui à la porte du temple maçonnique pour y être initié a les yeux bandés. Les impressions qu’il ressent sont d’autant plus fortes qu’il ne voit rien. De plus, lors des premières années, qui correspondent au degré d’apprenti, le candidat est soumis au silence. De la même façon, les prêtres demandent à Tamino et Papageno de se taire. Ce n’est plus le cadenas placé sur la bouche de Papageno pour le punir d’avoir menti, mais un silence accepté dans un serment que les deux hommes prêtent devant Sarastro.
 
Un poignard pour tuer le grand prêtre

 

Mais même si l’initiation de Tamino semble parfaitement se dérouler, le récit n’est pas pour autant terminé. En effet, la Reine de la nuit donne un poignard à sa fille Pamina et lui demande de tuer Sarastro. C’est le fameux air de la Reine de la nuit, connu pour ses vocalises aiguës, véritable prouesse artistique. La Reine de la nuit expose les griefs qu’elle a envers Sarastro : le spectateur découvre alors que le conte a commencé bien avant l’action de La Flûte enchantée. Son époux, et père de Pamina, ne lui a laissé en mourant que le pouvoir temporel et a fait don à Sarastro du pouvoir spirituel symbolisé par le cercle solaire. Pour la Reine de la nuit, seule la mort de Sarastro fera reprendre le cours normal de l’histoire. Mozart renoue alors avec un thème traditionnel du combat entre la lumière et l’obscurité.
 
Comme Tamino, ayant fait vœu de silence, ne répond pas à Pamina, celle-ci pense qu’il ne l’aime plus et s’enfuit désespérée. Mais elle est alors rassurée sur l’amour de Tamino par trois génies. Ensemble, Pamina et Tamino seront conduits par les prêtres vers leurs deux épreuves, celle du feu et celle de l’eau. Mozart gardera le mystère sur ces deux épreuves puisqu’il choisit de ne pas les mettre en scène. Seuls deux motifs du décor rappellent ces deux éléments, une cascade qui coule d’une montagne pour l’eau et un volcan pour le feu. Les initiés sont comblés, car les quatre éléments sont rassemblés sur scène et les profanes sont émerveillés une telle audace dans les décors. Pamina et Tamino reviennent victorieux et sont enfin accueillis par Sarastro et les prêtres comme des initiés.
 
Papageno, lui, n’entrera pas dans le temple. Amateur de plaisirs simples, il trouvera sa Papagena qui lui assurera plein de petits Papageno et de petites Papagena. Cependant, la Reine de la nuit et Monostatos cherchent à entrer dans le temple, la Reine de la nuit ayant promis sa fille Pamina à Monostatos. Mais leurs pouvoirs sont morts et ils disparaissent dans un éclair.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

La scène finale est baignée de soleil. Tamino et Pamina sont revêtus des habits des prêtres et c’est le chœur des prêtres qui conclut l’opéra par ces mots : « Gloire à vous qui êtes initiés !/Vous avez traversé la nuit !/ À toi, Osiris, et à toi, Isis ! Nous rendons grâce !/La force a triomphé et elle récompense la beauté et la sagesse d’une couronne éternelle. »

 

Des plaisirs simples et des trésors secrets
Si la Flûte enchantée commence comme un conte de fées, elle se poursuit comme un récit initiatique fortement inspiré des rituels maçonniques. Quel que soit le rite pratiqué, la cérémonie d’initiation met en scène des épreuves que devra subir le candidat. Ces épreuves se retrouvent dans le parcours que Tamino, puis Pamina, vont suivre à partir de cette scène. Car il semble de plus en plus évident que Schikaneder et Mozart ont mis en scène une cérémonie d’initiation maçonnique. Pourquoi ? Plusieurs réponses sont envisageables. Il est possible qu’ils aient voulu s’amuser à écrire une œuvre qui, comme disait Goethe à propos de La Flûte enchantée, « se prête à des lectures multiples, procurant un plaisir simple à la foule et livrant des trésors secrets aux initiés ». Pour les francs-maçons, La Flûte enchantée est donc une cérémonie d’initiation mise en musique, une sorte de puzzle familier où chacun retrouve ce qu’il a vécu quand il est entré dans le temple de la franc-maçonnerie pour la première fois.

Il est également possible que Schikaneder et Mozart aient voulu inscrire le rituel maçonnique dans une œuvre musicale pour l’offrir en cadeau aux générations futures. Il se peut aussi qu’ils aient eu envie de défier la censure et de montrer ainsi leur entière liberté. Ou alors il est également possible que Schikaneder, à court d’idées, ait décidé de s’inspirer de ce qu’il connaissait le mieux, le monde maçonnique et ses mystères, et de l’utiliser comme sources de revenus. Les deux actes de La Flûte enchantée semblent donc presque appartenir à deux histoires distinctes.

Une autre hypothèse est souvent avancée : au départ, Schikaneder avait imaginé la Reine de la nuit comme héroïne principale de l’histoire. Sa fille, Pamina, est enlevée par Sarastro, chef d’une fraternité mystérieuse. Mais alors qu’il termine la moitié du livret, Schikaneder se rend compte qu’un théâtre concurrent fait salle comble avec une histoire analogue. Il faut donc changer l’histoire. Après révision, les rôles sont inversés et Sarastro devient une figure noble ayant enlevé Pamina pour son bien et la Reine une représentante des forces du mal. Est-ce que Schikaneder et Mozart, pris par le temps, ont puisé dans ce qu’ils connaissaient le mieux, c’est- à-dire les rituels maçonniques, pour terminer leur histoire ? Est-ce qu’ils ont profité de cette réécriture pour faire passer un message ? Nul ne le saura jamais et cette thèse du remaniement tardif de La Flûte enchantée est elle-même contestée par les biographes de Mozart. Ce qui est sûr, c’est que c’est le génie de Mozart qui au final transforma ce livret qui n’aurait dû rester qu’un opéra populaire à succès en œuvre à la gloire du progrès de l’humanité, de l’amour et de la fraternité.
 
La transmission des connaissances sacrées

 

Le caractère maçonnique de l’œuvre de Schikaneder et de Mozart n’a pas été révélé tout de suite. C’est en 1857 qu’apparaissent les premières explications maçonniques de La Flûte enchantée et en particulier du second acte. Avant cette date, les historiens ont reconstruit l’histoire de Mozart et de ses œuvres, quitte à inventer des faits de sa vie, pour en faire un musicien génial, mais maudit, mort pauvre et abandonné. Les historiens modernes ont dû revenir aux faits historiques et ne pas se contenter des écrits précédents. De ce fait, le vrai Mozart apparaît certes toujours aussi génial, mais aisé et entouré de sa famille et de ses frères francs-maçons.

Le cœur de l’intrigue, qui n’apparaît à aucun moment sur scène, se passe donc bien avant le début de La Flûte enchantée. La fureur de la Reine de la nuit ne s’explique que si l’on comprend que c’est elle qui aurait dû hériter, après la mort de son époux, de la puissance spirituelle. Elle aurait pu alors transmettre cet héritage à Pamina qui aurait pu le transmettre à sa fille. Mais le lien est rompu par Sarastro et l’initiation de Tamino et de Pamina. Ce n’est donc plus un lien mère-fille qui devra assurer la transmission des connaissances sacrées comme dans les cultes anciens, mais un lien sexué, un lien homme-femme, où chacun occupe une place symétrique. Papageno renonce à l’une des épreuves, celle du feu. À défaut d’entrer dans le temple de la Sagesse, il rencontrera son double féminin, sa Papagena, et se contentera des plaisirs terrestres
 
Le nom de Papageno vient du mot perroquet (papagayo signifie « perroquet » en espagnol). Papageno, incapable de se taire, répète plus qu’il n’invente. Il ne vise qu’à reproduire les actes de la vie naturelle : manger, boire et aimer. Il ne sait pas tenir sa langue et n’hésite pas à mentir. Pourtant, bien sûr, le personnage est sympathique. Il peut représenter à la fois l’homme pour qui l’initiation n’est pas accessible parce qu’il n’en exprime pas la volonté, l’homme initié aux mystères de la vie et qui n’a pas besoin d’une initiation intellectuelle, ou encore notre part d’animalité (Papageno est revêtu de plumes, il n’a pas apparence humaine et la gravure du costume original de Papageno le montre en oiseleur et porteur d’une cage). Par cet élément, Schikaneder et Mozart ont peut-être voulu nous indiquer que tout homme porte en lui sa propre cage et qu’il devra combattre, accepter ou dompter son animalité pour accéder à une vie spirituelle.
 
À la recherche de l’homme nouveau
 

Mozart respectait profondément les gens du peuple, car il était proche d’eux. Mais il aspirait à autre chose et pressentait qu’un grand changement dans la société n’était possible que par une modification de l’homme. Il pensait, comme les francs-maçons éclairés de l’époque, qu’un homme nouveau était possible. Cet homme nouveau n’est pas à rechercher du côté de Papageno qui, avec sa Papagena, va engendrer une descendance qui leur ressemblera : « D’abord un petit Papageno !/Puis une petite Papagena !/Puis un autre Papageno !/Puis une autre Papagena ! » comme ils le chantent dans leur duo. Cet homme nouveau n’est pas à rechercher non plus du côté de Monostatos dont le nom semble être la contraction de « mono » (un) et de « statos » (statique, celui qui n’évolue pas).


Avec Monostatos, rien ne change et l’attirance qu’il éprouve pour Pamina n’est pas l’amour noble mis en valeur dans les idéaux maçonniques, mais l’instinct bestial. Avec Monostatos, l’homme est et reste un animal. L’avenir n’est pas non plus à rechercher du côté de la Reine de la nuit victime de ses passions incontrôlables.

 
L’homme nouveau serait-il alors Tamino ? Certainement, mais le message secret de Schikaneder et Mozart va plus loin, car Tamino n’est pas uniquement le héros d’un conte de fées qui surmonte les épreuves et rejoint sa belle princesse. C’est Tamino et Pamina, ensemble, qui triomphent des épreuves et entrent dans le temple de la Sagesse. L’homme nouveau est ainsi celui qui intègre sa part masculine et sa part féminine dans son être, qui réussit à réconcilier les forces opposées en les rendant complémentaires. L’homme nouveau est celui qui dépasse les antagonismes mis en scène dans La Flûte enchantée comme le combat terrible entre la Reine de la nuit et Sarastro. Il fait plus que les dépasser puisqu’il arrive à les unir. Dans les loges maçonniques, cette union est symbolisée par un triangle que les francs-maçons appellent le « delta lumineux ». Ce delta est placé entre le soleil et la lune qui représentent respectivement le masculin et le féminin, ou encore un principe actif et un principe passif. Accroché au sautoir du Vénérable maître, c'est-à-dire du président de la loge, ce triangle représente également les antagonismes nécessaires et féconds qu’il convient de concilier.
 
L’initiation égyptienne perdue
 

C’est ce secret que Mozart a senti dans les mystères de la tradition égyptienne et c’est ce secret qu’il met en scène dans La Flûte enchantée. Le delta rayonnant invite les francs-maçons à se rendre vers la conciliation de ces contraires. Plus encore, il représente un principe supérieur qui n’est ni la victoire de l’un sur l’autre, ni la suppression des antagonismes, mais le fruit de leurs épousailles. Pour Tamino et Pamina, ce fruit s’appelle Sagesse.

 
Mais La Flûte enchantée nous réserve d’autres surprises ; elle nous délivre un autre message incroyablement moderne. Mozart rêve d’aller au-delà de l’initiation maçonnique, il souhaite ressusciter l’initiation égyptienne perdue et si importante à ses yeux pour assurer la paix. Dans sa vision, les femmes et les hommes sont égaux sur tous les plans, y compris sur le plan initiatique. Certes, le livret de La Flûte enchantée regorge d’allusions peu flatteuses envers les femmes. On nous dit qu’il faut se méfier des femmes parce qu’elles sont fières, bavardes, menteuses, rusées et hypocrites. Rien que ça ! Mais il ne faudrait pas accuser Mozart ni Schikaneder de misogynie. La Flûte enchantée est aussi une farce et présenter les hommes comme soumis à la tyrannie des femmes a toujours été une bonne recette pour faire rire. Au-delà de cet effet comique, les auteurs posent clairement la question suivante : les hommes et les femmes sont-ils égaux du point de vue de l’initiation ? Dans le petit milieu de la franc-maçonnerie viennoise, l’initiation des femmes donnait lieu à de vifs débats. Les Français avaient, à leur façon, résolu la question en créant une maçonnerie, dite d’adoption, accessible aux femmes. Mozart avait certainement lu ou en tout cas ne devait pas ignorer La Vraie Maçonnerie d’adoption, cet ouvrage de Louis Guillemain de Saint-Victor, paru en 1779, qui fixe les règles de cette maçonnerie féminine. Alors que le nombre trois est associé à la maçonnerie masculine, le nombre cinq devient celui des femmes maçonnes. Ainsi, on peut lire dès le début du livre : « Tout commandement se fait par cinq coups de maillet : ouverture, clôture de la loge… » Dans cette maçonnerie d’adoption créée par les hommes, les degrés et les symboles sont adaptés à la sensibilité féminine, ou plutôt à ce que les hommes du 18e imaginent. Ainsi les valeurs liées à la maternité, à la fidélité et à la charité sont-elles mises en avant. La maçonnerie d’adoption est très orientée sur l’organisation d’œuvres caritatives. Cette maçonnerie féminine organisée par les hommes pour les femmes permettait donc aux femmes d’être initiées presque comme les hommes. Mais ce « presque » gênait Mozart, partisan de l’égalité des sexes sur le plan initiatique. Certains auteurs se sont risqués à avancer que Ignas von Born et Mozart projetaient de fonder un nouvel ordre maçonnique inspiré des Illuminés de Bavière et des loges d’adoption française qui initiaient les femmes. D’autres sont même allés jusqu’à imaginer que Mozart serait mort empoisonné parce qu’il projetait de créer cet ordre jugé subversif. Hypothèse ou réalité ? Les faits historiques ne permettent pas de conclure. Mais Mozart était un visionnaire. Il fallut en effet attendre presque un siècle pour qu’en France, une femme, Maria Deraisme, soit initiée dans une loge maçonnique masculine et fonde l’obédience mixte Le Droit humain, encore aujourd’hui principale obédience mixte internationale.
 
Voici qu’entre Sarastro…

 

Lorsque La Flûte enchantée est présentée à Vienne, l’annonce de la Révolution française a déjà bouleversé les cours européennes. Les philosophes des Lumières, les francs-maçons et tous ceux qui combattent les pouvoirs en place sont suspectés de vouloir renverser les monarchies. En Autriche, après des années de protection, L’empereur dissout plusieurs loges à Vienne. Mozart avait compris très tôt que les Lumières qui l’avaient tant éclairé ne brilleraient peut-être pas toujours avec autant d’éclat. A-t-il voulu alors par La Flûte enchantée nous transmettre ce message de tolérance, d’amour et d’espérance ? Sans aucun doute. Tamino et Pamina entrent dans le temple, la main dans la main, non pas pour se marier et avoir beaucoup d’enfants comme dans tous les bons contes de fées, mais pour cheminer en semble sur le chemin de la sagesse.
 
L’opéra se termine sur un chœur qui chante la victoire des lumières sur les ténèbres. Les trois accords de la fin répondent aux trois accords de l’ouverture. Ils sont suivis par une dernière note qui jaillit comme un élan, comme un cri d’espérance. Un court silence suit, comme le temps de reprendre sa respiration, puis les applaudissements crépitent qui dureront longtemps, très longtemps.
Les spectateurs du 30 septembre 1791 ne savent pas qu’ils viennent de vivre un moment historique. La Flûte enchantée fut un triomphe immédiat et, aujourd’hui encore, il est l’un des opéras les plus joués au monde. Les spectateurs de la première de La Flûte enchantée ne savent pas non plus que Mozart, malade et trop fatigué pour quitter son lit, ne dirigera que les deux premières représentations. Il reviendra cependant plusieurs fois au Theater auf der Wieden et se mêlera au public populaire qu’il aimait tant.

Huit jours après cette première représentation, Mozart écrit cette étrange phrase à sa femme Constance : « La Flûte enchantée a été un grand succès, mais ce qui me fait le plus de plaisir, c’est le succès par le silence. »

Il mourra quelques mois plus tard pendant la soixante-septième représentation de La Flûte enchantée à l’âge de 35 ans. Mais ce que ne savent pas les spectateurs des représentations qui ont suivi la première, c’est que jusqu’au bout Mozart, de son lit, suivait en pensée toutes les représentations, disant : « C’est l’heure de l’air de la Reine de la nuit… Voici qu’entre Sarastro… »
 
 
Aller plus loin :
 
 
 
 
Partager cet article
Repost0
29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 18:16
LE VORTEX DE L'ACACIA : le plus grand secret de la maçonnerie (Doc) [VF]

« Il existe une connection multi-significative entre les symboles. JOACHIM et BOAZ sont associés au SOLEIL et à la LUNE. L'Oeil qui voit, LUCIFER, est tout simplement la fusion de THOT LA LUNE et de HORUS le soleil. LUCIFER est le phosphorus grec HERMES / APPOLON, il est le phosphorus égyptien THOT / HORUS. LUCIFER est une fusion complémentaire pour la Gnose et la connaissance.

 

Dans les loges initiatiques, les rituels associés aux symboles provoquent des perceptions synchroniques. L'échiquier représentant un gigantesque STARGATE permettant au bien et au mal de voyager à travers l'univers, se déplaçant d'un CUBE à un autre, certains pouvant se déplacer plus vite. Nous sommes les pions et nous avons seulement la capacité de choisir entre le BIEN et le MAL, pour quel camps nous nous battons. Voilà pourquoi l'échiquier et le DAMIER représentent les STARGATES dans la symbolique des Illuminati, des maçons et des sociétés secrètes.

 

L'ETOILE DE DAVID (bouclier de David ou étoile de Sion) est aujoud'hui le symbole du judaïsme. Aujourd'hui, on le trouve notamment sur le drapeau de l'État d'sraël. L'expression «ETOILE DE DAVID» est historique, tandis que l"expression «SCEAU DE SALOMON» a une connotation, une valeur, une ambiance magiques. Même dénotation, mais connotations distinctes. L'expression « sceau de Salomon » fait référence au Talmud de Babylone, à la légende de l'anneau de Salomon. L'Etoile représente aussi l'Etoile de la MERKABA.

 

Chez les maçons, la MERKABA est la lumière divine utilisée par les maîtres pour se connecter avec les entités dans d'autres mondes à partir du DAMIER du Temple. En 3D l'étoile forme un CUBE en son centre, d'où la symbolique des CUBES dans les cultes secrets. »

 

Merci à Nicolas B. pour la trouvaille.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 18:00
@ « Cicatrices de guerre »

@ « Cicatrices de guerre »

Source : Investig'Action (Michel Collon)

 

En cette année anniversaire, les médias racontent « comment » a eu lieu la Première Guerre mondiale (dix millions de morts), mais jamais pourquoi. « Morts pour la patrie », proclament tous nos monuments officiels. Mensonge ! 14-18, c’était déjà une guerre du fric. Non seulement chez les « méchants » (Allemagne, Autriche), mais aussi chez les « gentils (France, Angleterre, Belgique…), le véritable enjeu était : quelle puissance dominera le monde et contrôlera ses richesses ?

 

C’était aussi une guerre des classes dominantes contre les pauvres, contre leurs propres travailleurs exterminés froidement.

 

Michel Collon mène l’enquête avec trois historiens : Jacques Pauwels (« 14-18, une guerre de classe »), Anne Morelli (« Principes de la propagande de guerre ») et Lucas Catherine (« Des tranchées en Afrique »). Vous serez surpris par leurs révélations à contre-courant.

 

La question est donc : comment peut-on, aujourd’hui, répéter les médiamensonges d’il y a un siècle ? Serait-ce lié aux médiamensonges d’aujourd’hui ?

 

Partager cet article
Repost0
25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 02:43
L'alchimie des pyramides - Nouvelle Chronologie (Doc) [VF]

Les premières parties de cette suite documentaire sont disponibles sur ces liens :

 

 

 

Synopsis :

 

Le quatrième épisode de la série "L'Histoire : science ou fiction" traite de la question de construction des pyramides en Egypte.


Dans tous les manuels d'histoire on affirme que la civilisation égyptienne est très-très ancienne et qu'elle a existé plusieurs millénaires en arrière. Bien que ça puisse paraître très étrange, les historiens ne disposent et n'ont jamais disposé d'aucunes preuves réelles de cette ancienneté soi-disant évidente. Alors, parmi toutes les autres, la question sur la méthode de construction des pyramides n'est pas du tout la seule, ni la principale.

 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 12:02
 Marion SIGAUT : " La chasse aux sorcières et l'Inquisition " (Conférence) [VF]

Un peu d'humour avant de commencer :)

 

Conférence trouvée sur : L'échelle de Jacob

 

Marion Sigaut, née le 2 juin 1950 à Paris, est une historienne française. Résidant en Bourgogne, elle écrit depuis l'automne 2011 des articles de vulgarisation historique sur l'absolutisme royal et ses opposants, De la centralisation monarchique à la révolution bourgeoise, ainsi que des romans historiques.

 

Elle publie en 2008 chez Jacqueline Chambon La Marche rouge, les enfants perdus de l'hôpital général qui raconte, sur fond de soulèvement sanglant de parents indignés, sa découverte des dessous de l'Hôpital général, institution laïque et dévote qui aurait couvert un gigantesque trafic d'enfants pauvres. [...]

 

Membre d'Égalité et Réconciliation, elle renonce à son poste de déléguée nationale de DLR à la demande de Nicolas Dupont-Aignan et se positionne comme une critique des Lumières et de Voltaire.

 

@ wikipédia

 

Conférence du 4 Avril 2013 à Toulouse.

 

Source : E & R

 

A la charnière entre le XVIe et XVIIe siècle, tout le monde affirmait croire au diable, il n’est de grand esprit qui ne s’y référa. Et si c’est le pape qui avait amorcé le mouvement en 1326 en assimilant sorcellerie et hérésie, l’Église abandonna vite les poursuites qui devinrent, à l’échelle de l’Europe, l’affaire des juges : Rome ignora elle-même cette inquisition, la chasse aux sorcières fut une procédure d’autorité locale non soumise à autorité supérieure, qu’elle soit religieuse ou royale.

 

En pays protestant - où le pape n’était plus reconnu -, les autorités locales brûlèrent à qui mieux mieux, suivant ainsi la conviction de Luther qui affirmait : « Il ne faut pas faire grâce aux sorcières et aux magiciennes (...) je voudrais moi-même mettre le feu à leur bûcher, de même qu’on voit dans l’ancienne loi les prêtres lapider les malfaiteurs. »

 

A l’origine de bien des procès, une dénonciation populaire. Telle femme, considérée jusqu’alors comme dotée des pouvoirs bénéfiques de soigner et guérir, devenait, face aux malheurs qui accablaient une communauté, responsable du mal comme elle l’avait été du bien. La source de cette croyance peut bien n’avoir été que l’expression d’une religiosité paysanne (c’est-à-dire païenne au sens étymologique du terme) que le christianisme n’avait atteinte que superficiellement. La grande majorité du peuple français pratiquait une religion animiste que les lettrés catholiques des cours citadines assimilèrent à de la sorcellerie.

 

Les procès ravagèrent les campagnes. Depuis 1570 environ (paroxysme des guerres de religion) et pour un siècle, ce sont des dizaines de milliers de pauvres gens, majoritairement des femmes, qui périrent publiquement dans d’atroces souffrances à l’issue de procès iniques. Des tortures insoutenables faisaient avouer ce qu’on voulait. Tant que les juges n’avaient pas obtenu d’aveux, ils persistaient à torturer, et une résistance acharnée à la pression était elle-même la preuve que le diable soutenait l’accusée, incapable sans secours diabolique de résister à l’épreuve.


Un accusé tentait-il d’incriminer un de ses bourreaux pour tenter d’en réchapper en le discréditant ? Peine perdue. Les juges étaient, par nature, indemnes de toute attaque satanique, leur mission était placée sous la protection de Dieu le père. En personne.


Tout malheureux tombé dans les filets des juges sur simple soupçon était voué à la mort, sans distinction de sexe ou d’âge. Sans aucune chance d’en réchapper. Aucune.

 

On aurait tort de voir dans ces magistrats sadiques des rustauds abrutis par l’ignorance. Des juges subalternes aux plus hauts magistrats, tous avaient étudié. Le plus illustre d’entre eux, Pierre de Lancre, qui se vanta d’avoir fait flamber plus de 500 malheureuses, était un érudit, un lettré appartenant à l’élite intellectuelle de Bordeaux.


Et quand un médecin, Jean Wier, écrivit qu’il suffisait d’un peu de médecine pour expliquer bien des possessions, il attira sur lui les foudres de Jean Bodin. Jean Bodin (1529-1596), avocat au Parlement de Paris, l’auteur des Six Livres de la République, la référence pour des générations en matière d’analyse de l’origine de l’autorité, Jean Bodin que le xxe siècle a honoré comme humaniste en donnant son nom à un lycée de sa ville natale, accueillit l’intervention de Jean Wier en tonnant que c’était le diable qui l’inspirait et lança un appel véhément à une répression impitoyable.


Bérulle lui-même, sous couvert du prétendu humanisme dévot, attaqua ad hominem le médecin Marescot qui avait commis l’outrage suivant : « S’il ne faut donc point d’autres signes de possession du diable que ceux qui sont décrits par les évangélistes, tout épileptique, mélancolique, phrénétique aura le diable au corps. Il et y aura au monde plus de démoniaques que de fols. »

 

Ce n’était pas l’Eglise qui poussait au crime, et c’est un jésuite, Friederich Spee, qui dénonça le mieux la procédure française en 1632. En 1657, un décret pontifical reconnut la maladie mentale et s’éleva contre le fait d’arrêter et d’incarcérer des femmes contre lesquelles n’existait aucune charge. Mais en France ce décret ne toucha personne, car les juges d’Inquisition ne sévissaient pas, et une décision pontificale n’avait aucun pouvoir de contrainte contre les juges séculiers.


Ces derniers s’arrogeaient un mirobolant pouvoir religieux, mais l’Eglise n’avait sur eux aucune prise.

 

Le reflux des procès en sorcellerie a peu à voir avec une prise de conscience des magistrats en faveur de leurs victimes. Jusqu’au bout ils rejetèrent les appels à la raison d’où qu’ils viennent. Mais un glissement des affaires de sorcellerie des campagnes vers les villes, vint semer le trouble dans leur monde à eux. Les grands scandales de l’époque que sont l’affaire des possédées de Loudun ou de Louviers, mirent en cause des prêtres et des notables. On n’avait plus là affaire à des femmes du peuple, soupçonnées de pratiques sataniques, mais à des femmes du beau monde qui se plaignaient de possessions dont il fallait les délivrer. Elles n’étaient plus les coupables, mais les victimes d’un mal dont elles accusaient des personnalités au-dessus de tout soupçon. Dans ces affaires qui ont défrayé la chronique, ce sont des femmes qui accusèrent et semèrent la terreur.


Le scandale était d’autant plus grand qu’il mettait à jour de lourds secrets touchant à une bien trouble sexualité pratiquée dans les couvents. En 1610 à Aix-en-Provence, Madeleine Demandols lança au cours de crises violentes et spectaculaires, à son confesseur Louis Gaufridy : « Vous savez bien que vous avez fait de moi tout ce que vous avez voulu, tant devant que derrière ! » Comment une jeune fille, enfermée dans un couvent, pouvait-elle évoquer la sodomie si elle ne l’avait subie ! Son suborneur fut exécuté après un procès expéditif, et il y a fort à penser que la présence, ou non, du diable dans ses séductions, eut peu à voir avec la rapidité de la procédure.


Les grandes exhibitions des possédées furent éhontément lubriques. Hystérie des participantes, certes, mais aussi lubricité des spectateurs qui venaient se délecter à la perspective de voir des nonnes se dénuder en poussant des hurlements de bêtes. Et en faisant tomber sur des notables des soupçons inavouables : orgies avec sacrifices d’enfants, crucifixions, anthropophagie… Une fois lancée, la procédure ne pouvait plus être arrêtée, et il était temps pour la force publique d’y mettre bon ordre. Les Parlements s’y employèrent, et à leur tête celui de Paris, qui imposa une procédure d’appel automatique en cas de condamnation à mort. Ainsi fut arrêtée la folie des procédures en sorcellerie.

 

Mais les cours de province et les juridictions subalternes ne se laissèrent pas ainsi déposséder de leur pouvoir, et bien en avant dans le siècle, quand déjà s’était fait jour la théorie que tout cela n’était que balivernes imputables à la crédulité populaire [1] – c’est le comble ! – les petits juges continuèrent de dénoncer, torturer, briser, brûler.

 

On a là une illustration de ce que pouvait un pouvoir local illimité : sans défense ni recours, les petites gens étaient à la merci de notables sadiques et cupides. Il fallut que les tortionnaires commencent à s’attaquer à des nantis pour que les autorités supérieures réagissent, et décident d’y mettre un terme. Et elles eurent contre elles tout le pouvoir de la Compagnie du Saint-Sacrement qui, jusqu’au bout, soutint les dénonciations de sorciers [2].

 

En 1670, l’abolition des procédures en sorcellerie n’était pas encore à l’ordre du jour, le pouvoir central se contentant d’imposer l’appel à Paris partout où c’était possible, ce qui était une manière d’imposer la relaxe. Le Parlement de Rouen, qui s’était distingué par sa turbulence sous la Fronde, envoya au roi une lettre suppliant que sa majesté l’autorise à continuer de poursuivre. La lettre des magistrats normands est un modèle d’obscurantisme : « Ce sont, Sire, des vérités tellement jointes aux principes de la religion que, quoi que les effets en soient extraordinaires, personne jusqu’ici n’a osé les remettre en question. »


La réponse de Louis XIV marque clairement de quel côté étaient les lumières de ce siècle-là. Par une réponse juridique circonstanciée, le roi mettait un terme définitif à ces monstruosités, exigeant qu’on empêchât dorénavant que « l’innocence soit plus longtemps exposée à la calomnie et à l’avarice. » C’était le 25 avril 1672. Dix ans plus tard, en 1682, un édit définissait définitivement la sorcellerie comme un délit d’exploitation de l’ignorance. Un sorcier était un illusionniste et la sorcellerie était de la prétendue magie.

 

Partager cet article
Repost0

Citation

« Il fut débattu puis décidé que la peur devrait être propagée et entretenue au niveau mondial afin que l’attention reste cristallisée sur le négatif tout en empêchant l’expression positive de l’authenticité.

 

Tandis que les gens deviendraient de plus en plus craintifs et manipulables, leur capacité à penser librement et à exprimer leur authenticité décroîtrait.

 

Le contrôle de l’esprit interdisant clairement toute expression de l’authenticité, l’évolution de l’esprit humain diminuerait ainsi en même temps que la liberté de penser, lors que celle-ci fait l’objet d’un continuel bombardement alliant terreur et négativité. »

 

Rechercher

Catégories

Vidéos du moment