Réalisé par Marie-Monique Robin
""Interrogés dans le film : le général français Marcel Bigeard ; le général argentin Ramon Diaz Bessone ; le bras droit de Pinochet Manuel Contreras, à la tête de l'Opération Condor ; le général français Aussaresses.
Expérimentée en Algérie, la guerre subversive fut ensuite enseignée au monde entier. Du Viêt-nam à l'Argentine en passant par le Chili, enquête sur l'école française et ses méthodes qui firent des milliers de victimes. Un documentaire bienvenu sur un sujet peu abordé.
Ce fut une première dans l'histoire de l'humanité : en 1975, les gouvernements dictatoriaux du cône sud de l'Amérique créent une organisation criminelle supranationale, l'Opération Condor, dont la mission est d'éliminer leurs opposants politiques, dans leurs pays mais aussi à l'étranger. Que la CIA ait soutenu l'Opération Condor est un secret de Polichinelle. Ce que l'on sait moins, c'est que certains militaires français ont joué un rôle dans la genèse de cette campagne meurtrière de grande envergure.
Guerre moderne, guerre sale
Les méthodes employées par les responsables de l'Opération Condor sont précisément celles inventées par les militaires français après la défaite de Diên Biên Phu. Testées en Algérie, les techniques de la guerre subversive frappèrent par leur cruauté, mais aussi par leur efficacité dans la répression. Après la guerre d'Algérie, des vétérans comme le général Aussaresses ou le colonel Servent mirent leur expérience au service de militaires argentins, brésiliens, israéliens, portugais... À l'École des Amériques de Panama, pas moins de 60 000 officiers furent entraînés par les "experts" français. On retrouve même certains de ces instructeurs à Fort Bragg, aux États-Unis, quelques années avant la guerre du Viêt-nam. Leur modèle : la bataille d'Alger. Leur bible : La guerre moderne du colonel Trinquier. Leurs méthodes : escadrons de la mort, torture et disparitions.
Sur fond de témoignages aussi précieux que révoltants (des officiers qui avouent mais ne regrettent rien) et de preuves accablantes (des noms, des dates, des faits noir sur blanc), le documentaire nous apprend comment des Français ont enseigné la guerre subversive au reste du monde dès 1959. Les 30 000 Argentins disparus et les 20 000 civils tués au cours de l'opération Phoenix au Viêt-nam furent directement victimes de leurs méthodes. "C'est une réalité, ce fut peut-être une erreur", admet le général Eduardo Albano Harguindeguy, premier ministre de l'Intérieur pendant la dictature en Argentine.""