La Voix de la Russie. Les théories du complot sont nombreuses autour de l’assassinat de Kennedy. Laquelle de ces théories soutenez-vous ? Laquelle vous paraît la plus vraisemblable ?

 

Jack Duffy. « Je pense que nombre de personnalités et d’organisations ont pris part à la conspiration : des membres de la CIA, des représentants de groupes mafieux, et des Cubains opposés à Castro. L’implication de ces différents groupes est attestée par de nombreuses preuves. »

 

 

LVdlR. Vous ne pensez donc pas que Lee Harvey Oswald a agi seul ?

 

JD.« Il y a des preuves montrant qu’Oswald n’était pas le seul tireur. Je crois qu’Oswald était un « leurre », tendu par ceux qui ont effectivement organisé l’assassinat du président. Je ne pense pas du tout qu’Oswald était impliqué dans cet ambitieux projet, et beaucoup seront d’accord avec moi. »

 

 

LVdlR. Il est clair que la mort de Kennedy intéressait beaucoup de monde aux Etats-Unis comme à l’étranger. Mais d’après vous, à qui l’assassinat du Président a-t-il le plus profité ?

 

JD. «Lyndon B. Johnson y a gagné plus que quiconque, bien sûr, puisqu’il est devenu président. Beaucoup pensent qu’il était impliqué dans l’organisation de l’assassinat. Je ne suis pas sûr que ce soit effectivement le cas, mais il y a des preuves qui semblent aller dans ce sens.

 

La CIA, bien sûr, avait des raisons de vouloir se débarrasser de Kennedy. Ils lui en voulaient pour plusieurs raisons : ses décisions concernant la Guerre froide avec la Russie, concernant Cuba et ses relations avec Castro. La CIA voulait le voir se débarrasser de Castro, ce que le Président n’a pas fait. De plus, juste avant sa mort, Kennedy allait lancer une opération visant à retirer les troupes américaines du Sud Vietnam, et la CIA y était opposée. Ainsi, l’agence avait de nombreuses raisons d’éliminer Kennedy.

 

La mafia avait aussi des raisons de tuer Kennedy. Le frère du président, Robert Kennedy, les a poursuivis avec acharnement, et il a mis sous les verrous de nombreux membres d’organisations mafieuses, même si celles-ci avaient contribué à ce que Kennedy remporte les élections et devienne président. Autrement dit, la mafia a également été très mécontente de l’action des frères Kennedy.

 

Les rebelles cubains, opposés à Castro, pouvaient également vouloir se débarrasser de Kennedy : ils étaient insatisfaits de sa politique de Guerre froide et de ses relations avec Cuba.

 

En bref, tous ces individus et toutes ces organisations avaient des mobiles. »

 

 

LVdlR . Pourquoi la Commission d’enquête en charge de l’assassinat n’a été formée par la Chambre des représentants des États-Unis qu’en 1976, soit treize ans après l’assassinat de JFK ?

 

JD. « Ce comité a d’abord été créé parce qu’en 1975 on a montré pour la première fois à la télévision aux Etats-Unis le film de Zapruder – la célèbre vidéo de l’assassinat de Kennedy, qui a été vue par des millions de personnes à travers le monde. C’est dans ce cadre que le Congrès a décidé de former un comité pour enquêter une nouvelle fois sur l’assassinat du président Kennedy. À l’époque, Gerald Ford était membre de la Commission Warren, et jusqu’à sa mort il a confirmé les conclusions de cette commission, répétant encore et encore qu’aucun complot n’avait eu lieu. Je suis en total désaccord avec lui, je pense qu’il avait tort. »

 

 

LVdlR. Pensez-vous que l’assassinat de Kennedy a affecté le cours de l’histoire américaine ? Si Kennedy était resté en vie, qu’est-ce qui aurait été différent aux Etats-Unis ?

 

JD. « J’ai parlé de cela dans mon livre. Jusqu’à aujourd’hui beaucoup de gens parlent de ce qui aurait changé si Kennedy n’avait pas été tué. Mon opinion personnelle, que beaucoup partagent, est que la principale différence aurait été la guerre du Vietnam. Je pense que tout se serait passé autrement. Je crois que si Kennedy avait survécu, il aurait ordonné le retrait des troupes américaines. Mais Johnson a fait exactement le contraire : il a donné à la guerre un nouveau départ, et les Etats-Unis l’ont perdue, en perdant 58 000 personnes – et on ne comprend pas très bien pour quoi. » T