A Sri Lanka, la population civile, menacée par le conflit entre l'armée et les rebelles tamouls, est prise entre deux feux. Alors que la communauté internationale ferme les yeux sur la crise, les défenseurs chrétiens de Sri Lanka dans le monde affirment que les Eglises doivent insister pour qu'on prête attention aux victimes de la violence.
Depuis plusieurs années, la guerre civile au Sri Lanka oppose un gouvernement dominé par la majorité cinghalaise à des rebelles qui affirment défendre les droits de la minorité tamoule. Les défenseurs des droits de la personne protestent en soulignant que cette guerre se déroule aux dépens de la population civile: les besoins les plus élémentaires des personnes déplacées détenues dans des camps ne sont pas satisfaits, les enfants sont enlevés pour être recrutés comme soldats, les habitants des zones de combats sont utilisés comme boucliers humains par les rebelles.
Source du Texte : Oikoumene
A la source des heurts, repose une affaire d'ethnies opposées, d'une part les Cinghalais (74 % de la population), et de l'autre les Tamouls (15 % environ). Jusqu'à l'indépendance en 1948 les tamouls ont toujours bénéficié des faveurs de l'Etat britannique. Cependant, la construction de l'Etat indépendant conduit à un retournement des positions. La décolonisation de l'Etat laisse s'installer une discrimination étendue à toutes les catégories socioprofessionnelles tamoules. Des quotas régionaux en faveur de la majorité cinghalaise privent d'emplois publics la minorité tamoule qui jusque là était surreprésentée dans ce secteur (le monde diplomatique avril 2007, Ressorts du séparatisme tamoul au Sri Lanka).
Une tension entre les communautés s'installe un peu plus en 1956, lors de la victoire du Parti de la liberté (Sri Lanka Freedom Party, SLFP) créé par Solomon Bandaranaïke. La force politique impose le cinghalais comme seule langue officielle, et donne une prééminence à la religion bouddhiste alors qu'une majorité de tamouls est hindouiste.
Une tentative pour remédier à la situation aboutit en 1957 au pacte Bandaranaïke-Chelvanayagam, reconnaissant le Tamoul comme langue officielle.
En 1972, la nouvelle constitution donne peu de garanties pour la protection des minorités. Un groupe d'étudiants tamouls décide donc de créer une organisation qui deviendra le fameux LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam). L'objectif de l'entreprise est l'indépendance de l'Etat tamoul « Eelam » situé au nord-est de l'île et comprenant des régions du sud-est à majorité musulmane.
En 1977, la victoire de l'United National Party (UNP) va conduire à une réforme des institutions et à un changement de politique économique. C'est donc une nouvelle majorité conservatrice cinghalaise qui s'installe aux commandes de l'Etat. Elle décide de l'abandon du modèle parlementaire britannique pour un régime présidentiel fort inspiré par la constitution de la V république française. Parallèlement, il s'agit de renoncer au modèle d'Etat providence, pour fondre dans l'ultralibéralisme, avec la privatisation de la plupart des entreprises publiques. Les changements brutaux conduisent les communautés à se refermer sur elle-même. Devant cette spirale, les forces politiques usent de la violence pour garder prise sur leurs intérêts. Les différents groupes indépendantistes, comme les forces de l'ordre institutionnalisent la violence dans les rapports sociaux. Ce mouvement préfigure alors la politique d'assassinats qui dépassera le cadre du combat militaire, pour frapper la société civile (Mondes rebelles JM Balancie, Arnaud de La Grange ; éd. Michalon).
Un événement fait éclater la tension sous jacente le 24 juillet 1983. Les corps de 13 soldats singhalais tués dans la ville de Jaffna par un commando du LTTE sont rapatriés à Colombo la capitale. Des émeutes éclatent alors prenant en cible la communauté tamoule. Le LTTE reprend le flambeau des passions. Cette série d'évènement est placée sous le nom de « black July », et constitue l'amorce de la première guerre tamoule.
Ainsi depuis 25 ans, la guerre civile sévit sur l'île de Ceylan. On estime aujourd'hui qu'elles auraient entraîné la mort de 70 000 personnes et conduit à 230 000 réfugiés intérieurs.
Source du texte : Cercle ERIS