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Depuis l'enfance, l'histoire ancienne et le Moyen-Âge m'ont inspiré et passionné, j'ai également une bonne mémoire, ce qui me permet de me souvenir des événements historiques, des dates, des noms et des détails qui s'y rapportent. Donc, après avoir lu de nombreux ouvrages d'histoire, j'ai analysé et comparé les informations et, peu à peu, j'ai commencé à ressentir qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas avec les dates de l'antiquité. Il y avait trop de contradictions impossibles à expliquer dans la structure de la chronologie traditionnelle. Par exemple, examinons ce qu'on nous apprend sur la Rome antique.

L'ouvrage monumental, Le Déclin et la Chute de l'Empire Romain, écrit par l'historien érudit anglais Edward Gibbon (1737-1794), est une riche source d'informations détaillées sur l'histoire de l'empire romain. Avant de commenter ce livre, permettez-moi de remarquer que je ne peux imaginer comment – avec leurs vastes territoires – les romains n'ont pas utilisé de cartes de géographie, comment ils ont administré le commerce sans système bancaire et comment l'armée romaine, sur laquelle reposait l'empire, fut incapable d'améliorer ses armes et ses tactiques militaires pendant neuf siècles de guerres. Avec la seule aide des mathématiques, il est possible de découvrir dans l'histoire ancienne de spectaculaires contradictions, dont les historiens ne semblent pas tenir compte. Analysons-en quelques unes.
E. Gibbon donne une description très précise de la légion romaine, qui "...était divisée en 10 cohortes... La première cohorte, …se composait de 1105 soldats... Les 9 autres cohortes consistaient chacune en 555 soldats,... Le corps entier de l'infanterie de légionnaires se montait à 6100 hommes".
Il écrit aussi, "La cavalerie, sans laquelle la force de la légion serait restée imparfaite, était divisée en 10 troupes ou escadrons ; la première, en tant que compagne de la première cohorte, se composait de 132 hommes ; alors que chacune des 9 autres ne donnait qu'un total de 66 hommes. L'établissement complet formait un régiment …de 726 chevaux, attribués naturellement à sa légion respective..."
Il donne pour finir une estimation exacte de la légion romaine : "Nous pouvons calculer, pourtant, que la légion, qui était elle-même un corps de 6831 romains, pouvait, avec son personnel auxiliaire, se composer d'environ 12.500 hommes. L'ordre garant de la paix de l'empereur Hadrien et de ses successeurs comportait pas moins de 30 de ces formidables brigades ; et se composait très probablement d'une force permanente de 375.000 hommes".
Cette énorme force militaire de 375.000 hommes, entretenue en temps de paix, était plus importante que l'armée napoléonienne dans les années 1800. Après 1800, Napoléon gérait généralement des armées de 250.000 hommes. (source : Encyclopédia Britannica online)
Laissez-moi souligner que toujours selon l'Encyclopedia Britannica, "Les batailles sur le continent au milieu du 18ème siècle impliquaient des armées d'environ 60.000 à 70.000 hommes de troupe".
Bien sûr, une armée avait besoin d'armes, d'équipement, de fournitures, etc.
De nouveau, E. Gibbon nous donne un luxe de détails : "En plus de leurs armes, que les légionnaires considéraient comme peu encombrantes, ils étaient chargés de leur cantine, des instruments de fortification, et de provisions pour plusieurs jours. Sous ce poids, qui accablerait la fragilité d'un soldat moderne (ne pas oublier que l'auteur est mort peu après la révolution française...NdT), ils s'entraînaient à des marches régulières, 6 heures environ, presque 32 kilomètres. À l'apparition de l'ennemi, ils se débarrassaient de leurs bagages et par des évolutions simples et rapides transformaient la colonne de marche en ordre de bataille".
Cette description de la forme physique d'un soldat romain moyen est extraordinaire. Elle nous amène à la très étrange conclusion que, à un moment donné, la race humaine a régressé dans sa capacité à assurer les problèmes physiques. Est-il possible qu'il y ait eu un déclin graduel de la race humaine, avec des centaines de milliers d'athlètes du genre Schwarzenegger des temps romains évoluant vers des chevaliers au moyen-âge avec des corps relativement fragiles (comme les garçons ado d'aujourd'hui), dont les armures sont aujourd'hui fièrement exposées dans les musées ? Existe-t-il une explication biologique ou génétique raisonnable à ce changement spectaculaire affectant la race humaine sur une si courte période de temps ?
Pour doter d'armes une telle armée, toute une industrie a dû être nécessaire. Dans son livre, E. Gibbon mentionne explicitement des armes en fer (ou même en acier) : "En plus d'une lance plus légère, le soldat légionnaire empoignait dans sa main droite le formidable pilum..., dont la longueur maximum était de 1,80 m et qui se terminait pas une pointe d'acier massive triangulaire de 45 centimètres". À un autre endroit, il indique, "L'usage de lances et de masses d'acier..."
On pense que l'extraction du fer à partir du minerai était très courante dans l'empire romain. Cependant pour fondre du fer pur, il faut chauffer à 1539°C, ce qui ne pouvait se faire en brûlant du bois ou du charbon sans les haut-fourneaux inventés plus de 1000 ans plus tard. Même au 15ème siècle, le fer produit était de très mauvaise qualité parce que de grandes quantités de carbone devaient être ajoutées pour abaisser la température de fusion à 1150°C. Il y a aussi la question des ressources suffisantes – les haut-fourneaux utilisés au milieu du 16ème siècle nécessitaient de grandes quantités de bois pour produire du charbon de bois, procédé coûteux et sale qui a conduit à la déforestation finale de l'Europe. Comment l'ancienne Rome a-t-elle pu soutenir une production de fer de qualité sur une échelle nécessaire pour fournir des milliers de tonnes d'armes et d'équipements à sa vaste armée ?
Si on fait simplement une estimation de la taille de l'armée, nous pouvons conclure que la population de l'empire romain oriental et occidental dans le deuxième siècle après J-C était au moins de 20 millions d'habitants, mais elle aurait pu être de 40 ou même 50 millions. Selon E. Gibbon, "L'Italie d'alors … possédait 1197 cités." La cité de Rome avait plus d'un demi-million d'habitants, et il y avait d'autres grandes cités dans l'empire. Toutes ces villes étaient reliées par un réseau de routes publiques pavées, leur longueur mise bout à bout faisait plus de 6400 km ! Ce qui ne pouvait être possible que dans une société technologiquement avancée. Selon J.C. Russel, au 4ème siècle la population de l'empire romain de l'occident était de 22 millions (y compris 750.000 habitants en Angleterre et 5 millions en France), alors que la population de l'empire romain de l'orient était de 34 millions.
Il n'est pas difficile de déterminer qu'il y a un sérieux problème avec ces chiffres. En Angleterre, la population, de 4 millions au 15ème siècle, est passée à 62 millions au 20ème siècle. Pareillement en France, une population d'environ 20 millions au 17ème siècle (pendant le règne de Louis XIV), est passée à 60 millions au 20ème siècle...et cette croissance s'est faite malgré des pertes dues à plusieurs guerres atroces. Nous savons par les archives historiques que pendant les seules guerres napoléoniennes, environ 3 millions de gens périrent, la plupart étant des hommes jeunes. Mais il y a eu aussi la révolution française, les guerres du 18ème siècle dans lesquelles la France a souffert de lourdes pertes et la boucherie de la première guerre mondiale. En supposant un taux de croissance constant de la population, il est facile d'estimer que la population de l'Angleterre a doublé tous les 120 ans, alors que celle de la France a doublé tous les 190 ans.
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Figure 1 |
Le graphique montrant la croissance hypothétique de ces deux paramètres est exposé dans la figure 1. Selon ce modèle, aux 4ème et 5ème siècles, à la chute de l'empire romain, la population (hypothétique) de l'Angleterre aurait dû être de 10.000 à 15.000, alors que la population de la France aurait été de 170.000 à 250.000. Cependant, selon les estimations basées sur les documents historiques, les populations se chiffreraient par millions.
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