« L’Europe dispose de très peu de ressources conventionnelles, que ce soit en gaz ou en pétrole, souligne Benoît Thevard, ingénieur en génie énergétique. Pour ce qui concerne le pétrole, l’Union européenne dispose de 0,4 % des réserves mondiales attestées, alors que nous sommes le premier importateur et le deuxième consommateur au monde. Il y a une ressource dont on peut disposer sur notre territoire, ce sont les pétroles et les gaz non conventionnels. » Face à la réduction de la production pétrolière conventionnelle et à la hausse du prix des hydrocarbures, les gaz et huiles de schiste – difficiles à extraire, car localisés à plusieurs kilomètres de profondeur – semblent aujourd’hui une solution tentante. Ces hydrocarbures de roches-mères sont d’ailleurs déjà exploités à grande échelle aux Etats-Unis, qui ont ainsi atteint l’autosuffisance en seulement une quinzaine d’années. Une révolution.
Enquête sur une énergie qui fait débat
Pourtant, en Europe, le sujet fait débat. Y a-t-il vraiment sous nos pieds un tas d’or énergétique, comme l’affirme l’Agence américaine d’information sur l’énergie avec des chiffres faramineux : 5 300 milliards de mètres cubes en Pologne, 5 100 milliards en France, 700 milliards au Royaume-Uni, soit respectivement 380, 120 et 8 ans de consommation au niveau actuel ? Quels sont les enjeux économiques et les impacts écologiques liés à cette nouvelle énergie fossile ? Existe-t-il une alternative à la décriée fracturation hydraulique, seule technologie éprouvée pour extraire ces hydrocarbures non conventionnels ?
Enquêtant aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Pologne et en France, Hervé Nisic et Pierre Stoeber interrogent, du point de vue écologique, climatique, énergétique et économique, dix années d’exploitation, à l’heure où le réchauffement climatique pourrait remettre en question nos modes de vie basés sur la croissance. Car, comme le rappelle l’expert en réserves en hydrocarbures Yves Mathieu, auteur du Dernier Siècle du pétrole ? : « C’est grâce au pétrole si vous mangez des fraises à Noël. C’est grâce au pétrole que vous allez jusqu’au supermarché, que vous pouvez passer le week-end à Marrakech ou vous promener aux Etats-Unis. On a un appétit très fort et on sait que cette quantité de pétrole que la nature nous a fournie est limitée à ce qu’elle a bien voulu fabriquer. »
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