La disparition des abeilles serait extrêmement grave pour les écosystèmes © Maxppp
La Commission européenne pourrait décider d'interdire certains pesticides au niveau européen. L'autorité européenne de sécurité des aliments, l'EFSA, lui a remis ce mercredi un rapport sur
l'impact des pesticides sur les abeilles. Ce rapport présente "des conclusions inquiétantes sur l'impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen", explique Frédéric
Vincent, porte-parole du Commissaire européen en charge de la santé.
Trois néoincotinoïdes sont visés ; ils sont contenus dans plusieurs pesticides très utilisés, dont le Cruiser, qui sert de traitement de semence notamment pour les plans de colza et de maïs.
Ces molécules désorienteraient les abeilles, au point qu'elles ne parviendraient plus à regagner leurs ruches et finiraient par mourir. La mortalité des abeilles, pourtant essentielles à
l'écosystème car elles favorisent la pollinisation, a augmenté de 5% à 30% en une quinzaine d'années.
Un rapport "pas digne de l'EFSA" ?
La Commission "prendra les mesures qui s'imposent" lors d'une réunion fixée le 31 janvier prochain. Objectif : arrêter une ligne de conduite sur l'utilisation de ces pesticides au
niveau de toute l'UE, alors que certains pays ont déjà règlementé leur usage. En France par exemple, le Cruiser OSR n'est plus autorisé pour le traitement du colza, mais reste disponible pour
le maïs. Une interdiction ravirait les apiculteurs, qui ont déjà obtenu l'interdiction de deux autres pesticides.
L'aboutissement de 15 ans de combat pour les apiculteurs reportage d'Anne-Laure Barral
Mais les laboratoires chimiques n'entendent pas se laisser faire. Alors que la Commission européenne doit leur adresser "cette semaine" une lettre, l'allemand Bayer et le suisse
Syngenta, principaux fabricants, ont d'ores et déjà critiqué les conclusions de ce rapport. Bayer avance que la mortalité des abeilles est avant tout due à la présence d'un acarien parasite. Du
côté de Syngenta, le directeur opérationnel John Atkin affirme que "l'EFSA s'est tourvée sous pression politique pour produire une évaluation hâtive et insuffisante". "Ce rapport
n'est pas digne de l'EFSA et de ses scientifiques" ajoute-t-il, précisant que le laboratoire fera tout pour défendre l'utilisation de ses produits.