Dans une interview télévisée accordée à RT (ci-dessous), le président de la Free Software Foundation (FSF) Richard Stallman a expliqué quels étaient selon lui les dangers liés au « Cyber Intelligence Sharing and Protection
Act », également connu sous le nom de CISPA.
Richard Stallman a débuté son intervention en faisant valoir que d’après lui, ce sont les conséquences concrètes d’une législation qui importent plus que ses intentions, en référence aux
objectifs de cybersécurité de CISPA. Il retient ainsi que le texte prévoit pour l’instant « que chaque fournisseur d’accès à Internet, site internet ou entreprise détenant certaines de vos
données peut volontairement les remettre au gouvernement pour un large éventail de raisons ». Stallman souligne à cet égard que cet « éventail de raisons » est vaguement défini, ce
qui permettra une très large interprétation du gouvernement.
Il illustre ses propos : « dès lors que le gouvernement dit que [ces données] ont quelque chose à voir avec la sécurité nationale - ce qui est très facile à dire, que
ce soit vrai ou non - alors le gouvernement peut les étudier dans n’importe quel but ». Il poursuit sa démonstration en affirmant que CISPA « abolit presque le droit de ne pas
être déraisonnablement recherché, ce qui est protégé par la Constitution ».
Stallman précise également que le texte concerna les internautes bien au-delà des États-Unis, puisque « si une de vos données est stockée par n’importe quelle entreprise américaine, cette
société est à peu d’exceptions près légalement tenue de la remettre au gouvernement ».
Interrogé par le présentateur sur le fait que ce texte pourrait protéger d’éventuelles attaques informatiques en provenance de certains « hackers », Richard Stallman s'est amusé à faire
remarquer à son interlocuteur qu’il en était un lui aussi. « Je suis un hacker, ce qui signifie que je prend plaisir à jouer de toute mon intelligence ». « Peut-être pensiez-vous à
ces gens qui cassent la sécurité, je les appelle des crakers ».
Le coup de semonce à l’égard des autorités américaines est relativement clair : « le gouvernement est une menace bien plus dangereuse » que les pirates informatiques, notamment parce que
celui-ci « est bien plus puissant » que des personnes agissant seules chez elles. Stallman en appelle ainsi les internautes à se mobiliser pour se « protéger des abus de pouvoir du
gouvernement ».
Le fondateur de la FSF rappelle enfin que « CISPA n’est pas SOPA 2 ». Pour lui, SOPA n’avait pour objectif que de répondre à une demande des industries du divertissement, au nom de leur
« lutte contre le partage ». Avec CISPA, le motif est différent : il s’agit de combattre les menaces informatiques. Même s’il concède que cet objectif est « valide », il n’en
demeure pas moins qu'il va faire « un mal terrible ». Le fin ne justifie pas les moyens d'après Stallman
Questionné sur l’éventualité d’un veto du président des États-Unis, Stallman a déclaré qu’il était « inhabituel qu’Obama défende les droits de l’homme », mais qu’il serait «
ravi » s’il le faisait.
Richard Stallman fait ainsi suite à plusieurs grands noms de l’internet, comme Tim Berners-Lee, qui avait regretté il y a quelques semaines que CISPA menace « les droits du
peuple américain, mais aussi ceux du monde entier ».
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