Première rencontre aux Pays-Bas
En mai 1954, une soixantaine d’hommes influents provenant du domaine de la politique, de la finance et de l’élite aristocratique européenne se réunit à l’Hôtel de Bilderberg à Oosterbeek en
Hollande. Le Polonais Joseph Retinger, l’un des plus grands défenseurs de l’unification européenne, est souvent identifié comme étant l’un des principaux initiateurs de cette rencontre, qui
survient dans le contexte de l’après-guerre où un fort sentiment anti-américain balaie l’Europe et où la menace communiste inquiète l’Occident. Retinger et ses comparses souhaitent faire la
promotion de l’alliance de l’OTAN, et désirent une meilleure coopération entre les pays d’Europe et les Etats-Unis. Ils espèrent qu’un meilleur dialogue à travers l’Europe et avec les USA pourra
prévenir de futures guerres. Lors de cette première réunion, des invités de marque comme l’ancien Premier Ministre de Belgique Paul Van Zeeland, le Prince Bernhard des Pays-Bas ainsi que le
président d’Unilever, Paul Rijkens, sont présents.
Pas de traces écrites
Pendant trois jours, les invités discutent de l’intégration européenne et de l’attitude à adopter face au communisme et à l’Union soviétique. Aucune résolution officielle n’est adoptée et aucun
compte-rendu n’est publié, mais les organisateurs estiment que la rencontre est un tel succès qu’ils décident de tenir une conférence similaire chaque année. Dès lors, le groupe se nomme
Bilderberg en l’honneur de son premier lieu de rencontre.
Des membres richissimes
Le milliardaire américain David Rockefeller, dont le grand-père a fait fortune dans le pétrole, devient un membre important du groupe Bilderberg, et il tisse des liens avec d’autres puissants
regroupements comme le Council on Foreign Relations et la Commission Trilatérale, qui inclut aussi les pays d’Asie. Depuis sa fondation en 1954, des milliers d’hommes influents (et quelques rares
femmes de pouvoir) ont été invités à participer aux rencontres annuelles Bilderberg, qui ont toujours lieu dans les hôtels les plus luxueux de la planète.
Invités triés sur le volet
Dans les dernières années, des personnes très influentes ont participé aux rencontres. La rencontre de 2011 à St-Moritz, en Suisse, a par exemple réuni des individus comme Chris Hughes,
co-fondateur de Facebook, Pascal Lamy, président de l’Organisation mondiale du commerce, John Micklewaith, éditeur de la revue The Economist, George Papaconstantinou, ministre des Finances de la
Grèce, et Marcus Agius, president de la banque Barclays. En 2006, le groupe s’est réuni à l’hôtel Brookstreet de Kanata, une banlieue d’Ottawa.
Plusieurs observateurs ont remarqué que la participation de certains hommes politiques à la rencontre semble souvent précéder leur nomination à la tête d’un parti ou leur candidature à des
élections. C’est le cas notamment de Bill Clinton, qui a participé à la rencontre en 1991 avant d’être élu en 1993, de Margaret Thatcher, présente à la rencontre de 1975 et élue en 1979, ou
encore de Stephen Harper, invité des Bilderberg en 2003 à Versailles et élu en 2006. Les premiers ministres canadiens Pierre Elliot Trudeau, Paul Martin et Jean Chrétien ont participé à au moins
une rencontre du groupe.
Carte des pays ayant eu, en 2009, le plus de
politiciens présents aux réunions Bilderberg depuis leur lancement en 1954. (Source : wikipédia)
Huis clos
L’extrême discrétion – voire le secret- qui entoure les rencontres du groupe éveillent aussi depuis longtemps les soupçons de ceux qui craignent un complot mondial dirigé par l’élite financière
et politique de l’Occident. D’abord, le lieu de la rencontre n’est jamais annoncé publiquement et la liste d’invités n’est rendue publique, a posteriori, que depuis quelques années. L’hôtel où se
tient la rencontre est souvent dans lieu reculé, l’endroit est toujours réservé en entier pour les invités, et le personnel de l’hôtel a l’interdiction de parler aux médias. Dans les dernières
années, le groupe Bilderberg a toutefois fait quelques efforts pour améliorer sa transparence, en créant notamment un site web où les thèmes de discussion et la liste des participants des
rencontres passées sont publiés.
Qui choisit les membres?
La structure organisationnelle du groupe Bilderberg est relativement simple. Il existe un comité directeur, formé d’une trentaine d’individus, et ce comité élit un président pour un mandat d’un
an. Le mécanisme qui détermine la composition du comité directeur n’est pas précisé dans les documents officiels du groupe. Avec l’aide du comité directeur, le président élabore le programme de
la conférence annuelle et sélectionne les participants. Un Secrétaire exécutif travaille sous l’autorité du président. Le président actuel est Henri de Castries, PDG du groupe mondial
d’assurances AXA. Chaque rencontre annuelle réunit une centaine d’invités. Cela dit, les seuls véritables membres de Bilderberg sont ceux qui siègent sur le comité directeur. Les invités
aux conférences ne sont pas considérés comme des membres.
Doit-on les craindre?
Sans verser dans des théories de complot farfelues, plusieurs observateurs soulèvent cependant des inquiétudes par rapport à l’influence directe ou indirecte du groupe Bilderberg dans les
affaires des pays d’Europe et d’Amérique. Certains craignent que les individus les plus puissants de la planète, triés sur le volet par un petit comité de puissants, ainsi réunis en huis clos et
sans comptes à rendre à la population de leurs pays respectifs, ne prennent des décisions ou ne subissent des pressions qui pourraient aller à l’encontre du bien commun.
Les quelques membres ou ex invités des conférences Bilderberg qui ont témoigné publiquement au sujet de leur participation soutiennent pour leur part que les conférences ne font que procurer un
lieu sécuritaire où des leaders de différents milieux peuvent discuter et échanger des idées de manière libre et informelle, sans craindre que leurs propos soient rapportés dans les
médias.
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