Source : SOTT.net
Avec l'avènement d'Internet est venue l'Ère de l'Information ; il est désormais possible de diffuser et de trouver des informations sur presque n'importe quoi avec une facilité et une aisance sans précédent - des
informations qui, il y a encore quelques dizaines d'années, auraient été extrêmement difficiles, sinon impossibles à obtenir pour la plupart des gens. Plus de données que n'importe qui d'entre
nous pourra jamais en assimiler se trouvent maintenant au bout de nos doigts, et les actualités concernant la plupart des événements mondiaux sont disponibles pratiquement instantanément. Là où
l'information est supprimée, elle finit par réapparaître tôt ou tard (plus tôt que tard, d'ailleurs). Nous emportons Internet avec nous dans des ordinateurs et des appareils portables
super-puissants, et culturellement, dans notre vie quotidienne, nous passons maintenant énormément de temps en ligne, que ce soit pour le travail ou les loisirs.
Tout est connecté ! En un laps de temps relativement court, notre société mondiale est devenue un vaste réseau de diffuseurs d'information, une sorte de réseau cérébral géant qui traite
et partage les données avec ses contreparties au sein de ce grand corps qu'est l'humanité. Pas étonnant que notre paradigme collectif soit en train de se modifier et que les patterns les
plus profonds de notre structure subconsciente/archétypale - faits d'enseignements des Mystères et de prophéties antiques, d'histoires de pouvoir et d'allégories spirituelles, d'aventures épiques
et de vieilles légendes - aient émergé au premier plan de notre conscience, devenant des sujets d'intérêt captivants.
Tapez simplement Dec. 21 2012 sur Google. Peu importe que ça ne soit qu'une date sur le calendrier. Sans rien préciser d'autre dans le champ de recherche, Google sortira environ 460
millions de sites sur la Fin du Monde : prophéties mayas, retour de Jésus, théories d'illumination collective et ainsi de suite. Oui, 460 millions ! Pour mettre ce nombre en perspective,
cela fait au moins 150 millions de sites Web de plus qu'il n'y a de citoyens américains ! Cela en dit long sur l'esprit des gens. Même une recherche Google sur « porno » ne donne que
296 millions de résultats - ce qui est évidemment sacrément beaucoup mais reste sans commune mesure avec les prophéties de Fin des Temps et les théories d'Éveil Collectif. Et nous ne parlons ici
que du phénomène du 21 décembre 2012 ; faites une recherche sur « return of Jesus » [« retour de Jésus » - NdT] et vous obtiendrez un énorme 524 millions de résultats
! Cherchez « End Times » [« Fin des Temps » - NdT] et presque 2 MILLIARDS (oui, milliards) de résultats s'affichent ! Et pour « Apocalypse », vous arrivez à
102 millions. Cela fait un total de 3 milliards de résultats juste pour ces 4 recherches (sans compter « porno » bien sûr) ! Et ce décompte n'inclut pas les recherches sur
« Armageddon », « Rapture » [« Ravissement »], « Doomsday », « Judgement Day » [« Jugement Dernier » - NdT], « Great
Deluge » [« Le Déluge » - NdT] ou n'importe quel autre mythe et terme de la Fin des Temps. Peu importe la qualité ou la fiabilité du contenu de ces milliards de sites Web, là
où je veux en venir, c'est que de nombreuses personnes trouvent ces sujets fascinants, sinon il n'y aurait pas une aussi forte demande pour leur prolifération sur le réseau. Et cela veut
dire que LE SUJET IMPORTE - cela concerne un tas de gens !
Alors, pourquoi tant d'intérêt pour la fin du monde ? Les choses vont-elles mal au point que les gens veulent que le monde cesse ? Peut-être. Faire des recherches sur la fin du monde
serait-il un hobby exceptionnellement populaire ? Probablement pas. La moitié de la planète est-elle en proie à une pulsion de mort ? J'en doute. Ce qui est parfaitement limpide, quand
on examine brièvement la plupart de ces sites, c'est qu'il y a un tas de cinglés et de racoleurs ici-bas, et qu'une grande partie du contenu de ces sites est de la désinformation délibérée conçue comme propagande de contrôle social/pensée de groupe destinée à vous tenir éloigné de ce qui se passe réellement ou à vous délester de votre
argent - vous savez « avant qu'il ne soit trop tard !!! » (cette petite perle fait toujours merveilleusement recette). Néanmoins, l'intérêt pour le sujet existe bel et bien, et à mon
avis, la raison la plus probable en est que : Nous sommes tous connectés, les uns aux autres et au cosmos, et ceux d'entre nous dont le cœur palpite encore savent définitivement
qu'il se passe quelque chose !
Cela apparaît comme évident quand vous consultez des sources d'informations fiables (elles ne sont pas légion) et
passez en revue tous les changements terrestres et
le climat extrême qui prennent place de façon vraiment biblique, l'augmentation énorme des crimes violents et bizarres, les guerres incessantes sans raison, les sécheresses et les inondations, les inexplicables hécatombes d'animaux
partout dans le monde, les sons mystérieux provenant du
ciel, les manifestations et les émeutes mondiales sans précédent, l'accroissement exponentiel de la pauvreté et du chômage, la militarisation manifeste des forces de police, les black-out médiatiques décomplexés et la propagande, sans oublier le niveau de corruption
de nos gouvernements pathocratiques et de nos systèmes financiers,
une corruption tellement éhontée et flagrante qu'ils pourraient tout aussi bien faire imprimer « Team Oligarchie » sur des T-Shirts - je suis sûr que c'est déjà brodé sur leurs
sous-vêtements.
Aussi, il n'est pas étonnant que les gens pensent que la fin est proche ; il semble y avoir une reconnaissance viscérale que nos conflits collectifs mèneront, au final, à une certaine
issue qui est décrite dans la foule de prophéties de fin des temps ancrées dans notre culture et notre inconscient collectif depuis l'aube de l'humanité. Cette multitude de prophéties
quasi-identiques sur la fin des temps ne découle-t-elle que d'une curiosité innée quant à une issue finale implicitement reconnue ? Ce qui a un début doit avoir une fin, non ? Il est parfaitement
naturel de soulever la question, si l'on réfléchit un minimum : si nous sommes ici, cela doit vouloir dire que nous avons été créés d'une façon ou d'une autre, et si c'est le cas, il doit y avoir
un certain moment dans le futur où nous n'existerons plus. Mais tant qu'on y est, postulons que seuls les méchants subiront ce qui se profile, et les bons - les « élus » - continueront
à vivre dans un nouveau paradis, exact ? Ou y a-t-il autre chose ? Quelque chose de plus profond ?
Se pourrait-il que l'omniprésence à travers l'Histoire de thèmes étonnamment similaires sur la Fin des Temps soient en fait le produit d'un substrat archétypal plus vaste concernant
l'existence humaine - un genre de Matrice, si
vous voulez ? Où je veux en venir ? Permettez-moi de reformuler : se pourrait-il que les thèmes relatifs à la Fin des Temps soient aussi innés - existant à un certain niveau de
conscience - que l'ontologie et la conscience de soi qui nous sont propres, que les profonds liens psychologiques avec notre mère, que nos préoccupations centrées sur la survie, le conflit,
l'amour, le sexe ? Se pourrait-il que les prophéties de Fin des Temps ne soient pas le produit de la pensée humaine, mais qu'en réalité la pensée humaine soit le produit d'une construction
archétypale intégrée dans la structure même de notre existence - une sorte de « dilemme » cosmologique cherchant son propre salut et sa propre résurrection ? Se pourrait-il que tout
comme les feuilles qui tombent de l'arbre en automne se transforment en terreau fertile pour les bourgeons du printemps, tout comme nous vivons et mourons pour changer de forme et revivre à
nouveau, tout comme chaque instant signe la naissance du Présent et la mort du passé, se pourrait-il que les plus vastes systèmes qui régissent notre Univers apprécient eux aussi le
renouveau cyclique ? Et se pourrait-il que nous soyons, collectivement, conscients de cela ?
Si c'est le cas, se pourrait-il que nous ne soyons pas la première civilisation humaine à vivre cette prise de conscience ? Et se pourrait-il que les « prophéties » sur la Fin des Temps
soient en fait des récits laissés par les survivants de cycles précédents, ou encore une forme de connaissance spéciale encodée dans notre ADN en tant que produit d'une conscience en évolution -
des rappels de notre totale impermanence et de notre place plus vaste au sein du Grand Ordre des choses, et qui nous permettraient de savoir comment survivre et évoluer avec le
cosmos ? Se pourrait-il que l'Univers soit bien plus étrange et prolifique que nous aimons à le penser et que les épreuves auxquelles nous faisons face actuellement soient un simple
mouvement entropique naturel menant à un événement merveilleux, celui d'une plus grande évolution de conscience - un renouveau ? Que ce qui a un début a une fin ; et s'il y a une chose dont je
suis certain d'après mes propres recherches, c'est que ce qui a une fin a un nouveau début.
« ... « Et la fin de notre exploration Sera de parvenir à notre lieu de départ Et de le connaître pour la première fois. » . »
~T.S. Eliot, Little Gidding
Alors, où se situer là-dedans ? La plupart des gens sont incapables d'appréhender de tels concepts, simplement parce qu'ils sont trop préoccupés par les banalités et/ou qu'ils se « satisfont » des idées agréables qui leur disent qu'ils sont déjà « sauvés » ou que « tout est parfait » tant qu'on voit tout sous l'unique angle du « Love and Light » [amour et lumière ; concept New Age très en vogue - NdT]. Eh bien, cela fait partie du problème, voyez vous. Nous sommes facilement piégés et limités par notre paradigme anthropocentrique et obsolète - ce système de contrôle archétypal qui nous paraît si familier et confortable, mais qui en fait nous maintient aussi hébétés et hagards que des hamsters dans une roue. Le familier est confortable, voyez vous, et nous ne voulons certainement pas offenser nos amis et nos voisins, et encore moins nos propres « sensibilités » bien gardées, car nos vies se transformeraient alors en enfer, un enfer fait de condamnation, de ridicule et de lutte pour affronter la dure réalité et les mensonges que nous nous racontons à nous-mêmes toute notre vie.
« Nous vivons à une époque où la plupart des gens croient encore les mensonges qu'on leur raconte. C'est un Syndrome de Stockholm généralisé, le parfait Système de Contrôle de la Matrice, où les prisonniers érigent leurs propres murs et adulent leurs geôliers, devenant les outils de la Matrice tandis que les moutons se surveillent mutuellement. »
~Bernhard Guenther, 2012 - Collective Awakening or End of the World?[2012 - Éveil Collectif ou Fin du Monde] ?
Bien sûr, il est peut-être raisonnable de ressentir les choses de cette manière. Nous voulons naturellement une vie heureuse dénuée de stress ; moins nous appliquons de résistance à notre
environnement déjà stressant, plus la vie semble plaisante. En réalité, cependant, ce caractère plaisant que nous nous efforçons de maintenir est une illusion plutôt morbide. Et par ce mode
opératoire fallacieux, nous ne faisons que créer davantage de problèmes pour nous-mêmes et les autres, car nous nous adonnons à des stratagèmes superficiels dans l'intérêt égoïste de jouir d'un confort
immérité, de la paresse et du divertissement - ce qui nourrit alors l'entropie à laquelle nous nous sommes habitués, tels des carcasses en décomposition. D'un autre côté, si et quand nous prenons
pleinement conscience du fait que ce n'est pas notre prétendue « liberté » qui nous apporte notre « bonheur » pour le moins précaire mais plutôt le fait d'avoir appris à ne
pas nous appuyer sur les ronces qui nous encerclent, nous sentant alors soulagés tant que nous restons dans la ligne et jouons selon les règles, nous commençons alors à voir qu'il n'y a
qu'une seule option pour parvenir à une liberté réelle et durable : tailler à travers les ronces et trouver une clairière où bâtir un vrai foyer - avec un jardin qui produit beaucoup de
fruits.
Donc, ce n'est pas parce que les temps changentet que ces changements pourraient faire partie d'un mouvement naturel de
cosmologie et de conscience que tout ce que avons à faire, c'est nous asseoir, nous relaxer et profiter du spectacle. Non, la règle ésotérique est Connais-toi Toi-même, et cela seul peut
nous préparer à la Transition. Pour ce faire, nous devons acquérir la Vraie Connaissanceet la Maîtrisedu corps, de l'esprit et de l'énergie, ainsi qu'une compréhension objective de notre monde et du
paradigme qui, autrement, nous lie à notre prison épineuse. Alors seulement saurons-nous comment traverser cette période de changement et les conflits qui en découleront, afin d'émerger
dans la lumière de l'autre côté du tunnel - pour ainsi dire - et dans un monde meilleur... un véritable Bouleversement de Conscience dans le meilleur sens du terme - mais un
bouleversement qui ne peut s'atteindre que par un dur labeur.
Comme au Temps de Noé
L'histoire la plus répétée de Fin des Temps et/ou de paradigme de la transition est de loin celle d'un Grand Déluge, des flots envoyés sur terre par Dieu ou le Cosmos pour nettoyer l'immoralité
ou la corruption de l'espèce humaine. Souvent, les eaux du déluge sont décrites comme une sorte de retour des eaux primitives des mythes de la Création correspondants et comme un acte de
châtiment divin consistant à « faire table rase » pour une renaissance en un nouvel état édénique, allant généralement de pair avec une nouvelle relation de l'Humanité à Dieu, une
relation plus élevée - qui autrement n'aurait pas été possible. Et ceci est des plus importants et lié à une autre composante indispensable que l'on trouve dans les mythes respectifs :
toujours, il y a un héros qui survit, le plus souvent du genre constructeur d'Arche !
On trouve des mythes du déluge dans presque chaque culture depuis les tout débuts de l'Histoire écrite. La découverte de tablettes d'argile dans les ruines de la Bibliothèque Royale
d'Assurbanipal, en Mésopotamie, en 1853, par l'assyriologue HormuzdRassam captiva le monde pour ce qui était alors inconnu. L'Épopée de Gilgamesh date au moins du 21e siècle avant JC, bien qu'une découverte plus récente de
fragments de vase en albâtre à Nippur soutienne l'existence de cette histoire dès 2 600 ans avant JC et suggère en outre que Gilgamesh a pu être un personnage historique légitime !
{MythsfromMesopotamia: Creation, the Flood, Gilgamesh, and Others [Mythes de Mésopotamie : la Création, le Déluge, Gilgamesh et les autres - NdT], StephanieDalley, ed., Oxford
UniversityPress, 1989 / voir aussi Horns of Moses [Les Cor(ne)s de Moïse - Ndt], Laura Knight-Jadczyk, bientôt disponible chez Red Pill Press}
Il est maintenant bien connu que l'Épopée de Gilgamesh contient un récit extraordinairement similaire à l'histoire du déluge biblique de la Genèse, une ressemblance frappante à la fois
dans les détails et dans la chronologie des événements. De tels parallèlesne doivent pas être ignorés, surtout en ce qui concerne les histoires de déluge/renouveau. {The Babylonian Gilgamesh Epic:
Introduction, Critical Edition and CuneiformTexts [L'Épopée de Gilgamesh Babylonienne : Introduction, Édition Critique et Textes Cunéiformes - NdT], Andrew R. George, Oxford UniversityPress,
2003}
Dans un commentaire sur la Torah publié en 2001 par le Mouvement Massorti, un érudit rabbinique dénommé Robert Wexler déclarait : « l'hypothèse la plus probable que nous puissions
formuler est que tant la Genèse que Gilgamesh tirent leur contenu d'une tradition commune sur le déluge qui exista en Mésopotamie. Ces récits ont ensuite divergé à mesure qu'ils étaient
racontés. » {AncientNearEastern Mythology [Ancienne Mythologie du Proche-Orient - NdT], Wexler,2001}
Je suppose que, bien que cela vaille peut-être la peine de le mentionner ici pour notre propos, il va sans dire que l'histoire du déluge apparaît également dans la tradition islamique, à nouveau avec Noé comme héros. C'est en fait une narration plus détaillée des événements, particulièrement en ce qui concerne la droiture de Noé. À l'inverse de la droiture de Noé, comme dans les autres récits, la corruption des gens était endémique, ce que le Coran décrit éloquemment, et était hautement comparable à ce que nous observons aujourd'hui, particulièrement eu égard à la science moderne de la ponérologie. Dans le récit du Coran, c'était surtout les puissants politiques et les riches qui refusaient d'écouter l'appel du prophète, poussant les autres à suivre leur voie ignorante. Ces « élites » assoiffées de pouvoir étaient jalouses et envieuses de quiconque leur était supérieur en quoi que ce soit et ne recherchaient que le contrôle. Cela maintenait le Peuple dans l'ignorance des « croyants » plus modestes qui étaient intellectuellement, moralement et spirituellement supérieurs. {Coran 11:25-48, voir aussi Lives of the Prophets [Les Vies des Prophètes - NdT], Leila Azzam, Khalid Seydo}
« Nous devons nous rappeler que les psychopathes et autres individus atteints de troubles de la personnalité n'ont pas le choix d'être autrement que ce qu'ils sont. Mais les êtres humains ONT le choix d'accepter ou non les sévices. En acceptant les sévices, ils donnent le pouvoir aux psychopathes de maltraiter les autres... Il semble que dans un monde où les gens ne peuvent pas se soulever, ou refusent de se soulever contre les psychopathes au pouvoir, le Cosmos le fera pour eux et les éliminera eux aussi en raison de leur silence et de leur faiblesse. »
~Laura Knight-Jadczyk, Horns of Moses
Les anciens mythes grecs du déluge, vers 900 avant JC, comprennent un récit de déluge avec Deucalion, récit qui ressemble également au mythe de Jésus et qui lie l'histoire du déluge à l'avènement
d'un nouveau royaume ; Deucalion était le fils de Prométhée et devait diriger ce nouveau monde. Deucalion avait été averti par son père et ordonné de construire une « frêle barque »
(une « arche », bien que seulement pour lui-même et sa femme Pyrrha), et devait repeupler ce nouveau monde édénique, en étant les seuls survivants - des Adam et Ève post-apocalyptiques, si vous voulez (c-à-d, renouveau
cyclique). Ils repeuplèrent effectivement le monde, mais - élément intéressant - ils s'y prirent de manière habituelle : il jetèrent des pierres par dessus leurs épaules. Ces pierres
étaient censées être les os de la mère de Deucalion, Gaïa- la mère de toutes choses vivantes (la source de vie). Des pierres jetées par Dieu - cela pourrait-il faire référence à un bombardement cométaire
porteur de renouveau ?
On doit aussi souligner que dans une autre version moins notable de l'histoire de Deucalion, version datée du 2e siècle et intitulée De DeaSyria, Deucalion emmena sa femme, ses enfants et ses bêtes
dans une Arche - bien qu'il ne soit pas très clair si cette version fut influencée par la culture judéo-chrétienne ou non.
Même des cultures très différentes de celles mentionnées jusqu'ici connaissaient et ont transmis une histoire de déluge remarquablement similaire. La légende de Manu, le Noé/Deucalion/Utnapishtim de l'Inde, nous décrit Manu comme
un homme tellement vertueux qu'il obtint les faveurs de Matsya, la première
incarnation du dieu Vishnou. Matsya avertit Manu du déluge qui allait survenir et lui commanda de construire une Arche, en lui donnant les mesures précises et la date exacte du début du
déluge (Matsya Purana,Ch.I), et lui ordonna
d'emmener sa famille, diverses graines et des couples d'animaux pour repeupler la terre (Matsya Purana,Ch.II). Quand les eaux du déluge se retirèrent - tout comme dans la
Genèse, les mythes mésopotamiens et l'histoire de Deucalion - l'Arche atterrit en toute sécurité sur une montagne proéminente de la région. {A Survey of Hinduism, Klaus K. Klostermaier, 2007, SUNY
Press / voiraussi :Encyclopaedia of Hinduism: T-Z, Volume 5, Sunil Sehgal, 1999, Sarup&
Sons}
Notre thème du déluge se révèle aussi dans une compilation irlandaise ultérieure d'anciens récits, intitulée LeborGabálaÉrenn (traduit par « Livre de la Prise de l'Irlande », bien que plus
couramment connu sous le titre « Le Livre des Invasions »). Il est admis que la compilation fut réalisée au 11e siècle, réinterprétant apparemment à partir de là les mythes
païens de l'Irlande celtique, gaélique et pré-gaélique, afin de mieux refléter la théologie et l'historiographie judéo-chrétiennes. Néanmoins, bien que « l'historicité » des événements
use de parallèles bibliques évidents pour raconter l'histoire « officielle » de l'Irlande, il demeure hautement probable que les origines du récit du déluge soient issues de l'histoire
pré-chrétienne celtique. Nous savons de l'historien du 4e siècle Ammien Marcellin que, au 1er siècle avant JC, Timagène
d'Alexandrie retranscrivit un récit de l'origine du peuple celte dans lequel il décrivait comment les ancêtres des Gaules durent quitter leurs terres natales en Europe de l'Est en
raison d'une succession de guerres suivies d'un grand déluge. Ce récit est apparemment dérivé de sources plus anciennes maintenant perdues. {Ammien Marcellin, ResGestae 15:9} C'était certainement
bien avant Eusèbe de Césarée, qui fut cité comme
source du LeborGabálaÉrenn, et bien avant que les Irlandais ne ressentent même le besoin de composer une histoire de leur passé comparable aux histoires d'autres peuples de l'Empire romain.
Un mythe hawaïen du déluge, d'origine incertaine, décrit un homme vertueux dénommé Nu'u (ce qui ressemble même à Noé !) qui construisit une Arche pour échapper à un Grand Déluge,
mais pensa à tort que son salut et les directives émanaient de la lune jusqu'à ce que le dieu créateur, Kane, apparût sur un arc-en-ciel pour le corriger et sauver la mise. Aucun
animal ne semble être impliqué, ni de femme, et le nombre d'autres survivants éventuels n'est pas mentionné, bien que, à nouveau, quand les eaux du déluge se retirèrent, Nu'u se retrouva
au sommet de MaunaKea, un volcan, et le plus
haut sommet des îles hawaïennes. {"Nu'u" A Dictionary of World Mythology, Arthur Cotterell, Oxford University Press, 1997}
Ce n'est qu'au début du 19e siècle que les missionnaires chrétiens commencèrent à se déchaîner sur les îles pour convertir les indigènes et lutter pour le salut de leurs âmes de
sauvages grâce à la religion « appropriée », bien sûr. Aussi semble-t-il que l'histoire de Nu'u précède de loin l'arrivée de l'Église.
Dans notre bref passage en revue des récits de déluge, nous ne devons pas négliger celui de Platon sur la mystérieuse cité perdue de l'Atlantide. Fulcanelli écrit :
« L'ATLANTIDE. Cette île mystérieuse dont Platon nous a laissé l'énigmatique description, a-t-elle existé ? Question difficile à résoudre, vu la faiblesse des moyens que possède la science pour pénétrer le secret des abysses. Toutefois, certaines constatations paraissent donner raison aux partisans de la réalité atlantéenne. [...]
La foi en la véracité des œuvres de Platon entraîne la croyance à la réalité des bouleversements périodiques dont le déluge mosaïque, nous l'avons dit, demeure le symbole écrit et le prototype sacré. Aux négateurs de la confidence que les prêtres d'Égypte firent à Solon, nous demanderons seulement de bien vouloir nous expliquer ce qu'entend révéler le maître d'Aristote, par cette fiction de caractère sinistre. Nous pensons, en effet, qu'il est hors de doute que Platon s'est fait le propagateur de vérités anciennes, et que, conséquemment, ses livres renferment tout un ensemble, un corps de connaissances cachées. Son Nombre géométrique, sa Caverneont leur signification ; pourquoi le mythe de l'Atlantide n'aurait-il pas le sien ?
L'Atlantide dut subir le sort commun, et la catastrophe qui la submergea relève, évidemment, d'une cause identique à celle qui ensevelit, quarante-huit siècles plus tard, sous une profonde nappe d'eau, l'Égypte, le Sahara et les contrées de l'Afrique septentrionale. Mais plus favorisée que la terre des Atlantes, l'Égypte bénéficia d'un relèvement du fond sous-marin et revint au jour, après un certain temps d'immersion. Car l'Algérie et la Tunisie, avec leurs chotts desséchés et tapissés d'une épaisse couche de sel ; le Sahara et l'Égypte, avec leur sol constitué en majeure partie de sable marin, montrent que les flots ont envahi et recouvert de vastes étendues du continent africain. Les colonnes des temples pharaoniques portent des traces indéniables d'immersion ; dans les salles hypostyles, les dalles, encore existantes, qui en forment les plafonds, ont été soulevées et déplacées sous l'influence oscillatoire des vagues ; la disparition du revêtement extérieur des pyramides et, en général, celle des oints de pierres (colosses de Memnon, jadis chantants) ; les traces évidentes de corrosion par les eaux qu'on remarque sur le sphinx de Gyzeh, ainsi que sur quantité d'autres œuvres de la statuaire égyptienne, n'ont pas d'autre origine. »
~Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, Paris, 1929
Nous pourrions continuer ainsi presque indéfiniment mais je pense que je me suis
fait comprendre : des récits extraordinairement similaires relatant un Grand Déluge (si ce n'est plus d'un) existent à travers l'Histoire, au sein de cultures et à des époques si
disparates que nous ne pouvons nous hasarder à y trouver une raison logique, hormis la notion que des déluges se produisent effectivement. Et la raison de leur occurrence semble
être le résultat de (ou du moins semblent-elles précédées par) des périodes d'agitation sociale et de disharmonie générale entre les humains et l'ordre naturel des choses.
En fait, il existe des CENTAINES de récits de déluge dans l'Histoire écrite, issus de pratiquement chaque région du monde ! Bien sûr, les inondations sont des phénomènes communs,
mais ce n'est pas à cela que ces récits font référence ; ils parlent d'INONDATIONS EXTRAORDINAIRES, de déluges catastrophiques bien au-delà de la norme - du genre qui engloutissent même
les montagnes !
Aussi, ce que nous pouvons en déduire, c'est qu'un Déluge s'est très probablement PRODUIT qui concerna de vastes régions du monde et sa population - laissant cependant plus de survivants que les récits ne le mentionnent généralement (« la famille [élargie] de Noé, pour parler bibliquement). Compte tenu de l'ampleur et de l'étendue du traumatisme, il ne peut être que naturel que ces récits soient ancrés aussi profondément dans nos cultures. Cela suggère aussi que de tels événements sont la plateforme archétypale non seulement d'un renouveau cyclique quand les choses tournent vraiment mal, mais aussi de notre salut, si nous choisissons de tenir compte de l'avertissement et d'Œuvrer/de Travailler - comme cela est évoqué chez les héros vertueux des mythes diluviens qui, en communion avec le Divin, suivent des critères spécifiques pour « construire une Arche » et donc être sauvés (arriver au « sommet de la montagne »).
L'Histoire de Noé et de l'Arche est le récit primordial du Salut : la Quête originelle du Saint Graal (la construction de l'Arche) et le Grand Œuvre alchimique. Le Déluge a d'autres connotations, comme l'assombrissement du Soleil, représentant le Dieu mourant sacrifié pour expier les péchés de l'humanité. En ce sens, l'Arche est le symbole du Mariage Sacré Cosmique, ou la clé du passage vers le royaume du - roi qui fut et qui sera - le roi Arthur/Arca des Bergers d'Arcadie
Actuellement, la religion chrétienne (et ses rejetons New Age) est le principal pourvoyeur des multiples scénarios de Fin du Monde qui nous sont les plus familiers. Cependant, ceux-ci ne semblent pas tenir compte du fait que le point capital est que Jésus a relié ladite Fin du Monde à l'histoire de Noé, confirmant ainsi le point de vue du Chiliasme Primitif. Dans Matthieu, chapitre 24, versets 37 et 38 :
« Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l'avènement du Fils de l'homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce que le déluge vienne et les emporte tous : il en sera de même à l'avènement du Fils de l'homme. »
Dans l'histoire de Noé, auquel Jésus a directement relié la « Fin des Temps », un homme a un songe prophétique et, suite cette révélation, agit d'une manière positive qui lui permet de se sauver lui-même ainsi que sa famille.
Le plus important dans l'histoire de Noé, c'est qu'il n'y a PAS eu de fin du monde dans le sens physique où la Terre aurait cessé d'exister. Et Noé n'a pas non plus traversé le déluge pour finir en « être de lumière ». Il a construit l'Arche et a survécu au Déluge, pour émerger dans un monde différent. Cela marque la fin d'un Temps, en ce sens que le monde d'avant le Déluge est différent de celui d'après le Déluge. La Terre a continué d'exister, et Noé et sa famille métaphorique (il y eut apparemment un certain nombre de Noés sur tout le globe) sont sortis de l'Arche et se sont retrouvés dans un monde tellement différent que l'apparition d'un arc-en-ciel est notée ici pour la première fois à titre de preuve de ce changement extrême et fondamental de la réalité. [...]
Soigneusement analysée, l'histoire de Noé est remplie d'enseignements. Ce récit ne nous dit pas que quelque force surnaturelle prépara un endroit pour Noé. Au contraire, Noé reçut le conseil d'accomplir certaines tâches destinées à assurer sa survie, celle de sa famille, et celle de certains animaux. En supposant que cette histoire est davantage qu'une simple métaphore du Grand Œuvre, si Noé avait choisi de ne pas faire ces immenses efforts, nous n'aurions jamais entendu parler de lui, qui qu'il pût être, et quel que soit le contexte et la culture au sein desquels il exista.
~Laura Knight-Jadczyk, L'Histoire Secrète du Monde
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