Source : journal de l'environnement
Lors de la dernière réunion de la Convention pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique, la Russie, l’Ukraine et la Chine ont empêché la création de réserves naturelles.
C’est une grosse déception pour les négociateurs et les environnementalistes. Réunis, depuis le 8 octobre à Hobart, 200 scientifiques et négociateurs, de 25 pays, en charge de la protection de l’Antarctique sont repartis bredouilles de Tasmanie.
Tout avait pourtant bien commencé au démarrage du 31e sommet de la Convention pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR, selon l’acronyme anglais).
Les diplomates américains, français, européens, australiens et néo-zélandais étaient porteurs de huit projets de réserves marines: trois s’étendant sur 600.000 kilomètres carrés en mer de Ross et cinq autres sur 700.000 km2 à l’est de l’Antarctique. Le classement en zone protégée aurait permis d’interdire les activités de pêche et de fournir des points de référence aux climatologues. Un formidable réseau qui aurait complété le périmètre protégé récemment instauré autour de l’archipel des Orcades du sud.
Hélas, malgré deux semaines de négociation, le consensus n’a pu être trouvé, jeudi 1er novembre. De l’avis des organisations environnementales, l’échec des tractations est largement imputable à une coalition formée par la Russie, l’Ukraine et la Chine. Trois pays dont les flottes de pêche écument les eaux antarctiques depuis quelques années.
«L'échec» de ces négociations «à créer des zones protégées ou des réserves marines est profondément décevant», écrit l'Alliance de l'océan Antarctique (AOA, un consortium de 30 ONG, dont Pew Environment, WWF, Greenpeace, Blue marine foundation, Humane society international...) dans un communiqué.
Seule consolation, les 25 parties à la CCAMLR ont convenu de se revoir au mois de juillet prochain, pour une nouvelle session de négociation.
La CCAMLR a été établie en 1980 pour protéger la vie marine menacée par l'intérêt commercial croissant suscité par le krill antarctique, minuscules crevettes qui sont une ressource alimentaire capitale pour les animaux de l'océan Austral.
Pour l'AOA, les écosystèmes marins de l'Antarctique sont soumis à une grande pression, du fait notamment de la demande croissante pour les fruits de mer en Europe, Amérique du nord et Asie, couplée à une surpêche qui entraîne la baisse du stock de poisson.
Le continent austral est également protégé par le Traité l’Antarctique de 1959. Entré en vigueur en 1961, ce texte stipule notamment que «seules les activités pacifiques sont autorisées dans l'Antarctique». Signé à Madrid en 1991, son protocole sur l’environnement désigne l’Antarctique comme une «réserve naturelle consacrée à la paix et à la science.»
Son article 7 interdit toutes les activités relatives aux ressources minérales de l’Antarctique autres que la recherche scientifique.