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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 14:48

C’est peut-être le scandale financier du siècle. Un des coupables, la banque UBS, a lâché le morceau. Les plus grandes banques du monde se seraient entendues pour manipuler le Libor, le principal taux d’intérêt de la planète finance. Il y en aurait pour des milliers de milliards de dollars.

 

 

 

«Libor» : l’acronyme ne vous dit peut-être pas grand-chose. Derrière ces cinq lettres se cache pourtant l’un des plus grands scandales financiers présumés de l’histoire. Plusieurs grandes banques internationales sont soupçonnées d’avoir manipulé le London Interbank Offered Rate (Libor en abrégé) afin de camoufler leurs difficultés de financement lors de la crise financière.
 
Parmi elles, que des grands noms de la finance mondiale : Bank of America, Barclays, Citibank, Crédit Suisse, Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan, Royal Bank of Scotland, UBS… L’enjeu est colossal. Le Libor est étroitement lié au fonctionnement de l’un des plus grands marchés monétaires du monde : le marché interbancaire (celui où les banques se prêtent entre elles), dont la taille est estimée à 90.000 milliards de dollars.
 
Dans le collimateur de plusieurs autorités de contrôle (aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, au Japon et en Suisse, notamment), ces établissements financiers appartiennent en fait au «club» des 16 banques qui participent à la fixation quotidienne du Libor, le taux interbancaire offert à Londres.
 
«Trafiquer» le niveau réel du Libor peut avoir des conséquences considérables sur les coûts de financement des entreprises et des particuliers. Crise ou pas, «la manœuvre est double, souffle un vieux briscard de la finance internationale. Il s’agit de tirer vers le bas les taux à court terme sur les dépôts tout en gonflant les taux à plus long terme pour les grands crédits syndiqués aux entreprises.» Sans oublier que tirer les taux à court terme vers le bas permet de se refinancer à bon compte tout en rassurant les marchés sur sa solidité financière. Intéressant quand on a de gros besoin de liquidités.
 
L’opacité qui entoure cette affaire de manipulation de taux témoigne de l’âpreté du combat mené Londres pour éviter toute régulation. Face aux récentes propositions de directives européennes visant à maîtriser la finance de l’ombre, les banquiers anglo-saxons resserrent les rangs.

Les secrets du scandale du Libor

Seize grandes banques sont soupçonnées d'avoir faussé le niveau du Libor, série de taux référents sur le marché financier.

L'évolution du taux du Libor à 3 mois paraît s'être déréglé depuis la crise. (c) DR

L'évolution du taux du Libor à 3 mois paraît s'être déréglé depuis la crise. (c) DR

Après la révélation d'une entente sur le lait, la lessive, les croquettes pour chiens, des soupçons portent sur les taux interbancaires. Le Libor est ainsi soupçonné par les régulateurs du monde entier d'avoir été volontairement faussé. Il aurait été maintenu artificiellement bas entre 2006 et 2009 par les grands établissements bancaires, qui fournissent les données servant à son calcul.

 

Le Libor est un taux servant de référence sur le marché financier, reflet des conditions auxquelles les banques se prêtent entre elles. Il est fixé chaque jour à 11 heures précises (à Londres), à partir d'un sondage auprès d'un panel de banques interrogées sur les taux qu'elles pratiquent ce jour. Puis il est publié par l'association des banques britanniques, la respectable British Bankers' Association. Le Libor se décline sur les dix plus grandes devises mondiales et quinze maturités, d'un jour à douze mois. Soit 150 chiffres quotidiens.

 

Le scandale a éclaté l'été dernier, quand UBS a brisé l'omerta. L'établissement suisse annonce avoir obtenu du régulateur américain la promesse de bénéficier de la clémence des autorités en échange de sa coopération. L'affaire monte en puissance quand le courtier américain Charles Schwab accuse onze banques d'avoir violé les lois antitrust. Mi-février, le Financial Times révèle qu'UBS a suspendu des traders à Zurich, dont un responsable de l'activité taux. Des traders sont remerciés à JPMorgan Chase, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland. Peu à peu apparaissent les pièces d'un puzzle géant met tant en cause seize des plus grands établissements bancaires dans le monde entier.

Les enquêteurs soupçonnent deux types d'entorses: des manipulations de cours et une atteinte aux règles de la concurrence. D'où l'implication à la fois de gendarmes des marchés, comme la FSA britannique, et de régulateurs chargés de s'assurer du respect des règles de la concurrence. Sur le seul territoire américain, le ministère de la Justice, le régulateur des matières premières et le FBI se partagent ainsi la tâche.

Enjeu colossal

Quel aurait été l'intérêt des banques à fausser le baromètre de la finance mondiale? Plusieurs hypothèses sont avancées. La première est liée à la crise de liquidités. En plein maelström financier, les banques avaient intérêt à ce que le Libor ne monte pas vers les sommets afin de ne pas paraître vulnérables. Autre piste, la manipulation de cours aurait permis à des traders de s'assurer de belles plus-values dans leurs portefeuilles.

 

L'enjeu est colossal: maints produits dérivés échangés sur les marchés de matières premières (Liffe, marché de Chicago) utilisent le Libor comme base de calcul. Les taux de cet indice servent également d'index à un grand nombre de taux d'intérêt, que ce soit dans les financements ou les crédits aux particuliers. « Si elle était prouvée, une manipulation de ces taux d'intérêt impliquerait un coût très important pour l'économie européenne », a jugé le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia. Sur la sellette, la British Bankers' Association a annoncé qu'elle était en train de passer en revue sa méthodologie.


Entente sur le Libor: 6 questions autour d’un scandale financier

 

DECRYPTAGE Le taux d’intérêt qui sert d’étalon à la finance mondiale aurait été maintenu artificiellement bas entre 2007 et 2011 par les grandes banques. Une dizaine de régulateurs enquêtent.

 

En ce printemps radieux, les cartels fleurissent. Après la révélation d’une entente sur le lait, les œufs, la lessive, les croquettes pour chien, des soupçons portent sur les taux interbancaires. Une dizaine de régulateurs enquêtent sur un énorme scandale financier, révélé par la presse suisse et britannique. 

 

1. De quoi s’agit-il ?

Le Libor, un baromètre du marché monétaire mondial, est soupçonné d’avoir été volontairement faussé. Ce taux d’intérêt qui sert d’étalon à la finance mondiale, aurait été maintenu artificiellement bas entre 2007 et 2011 par les grandes banques qui fournissent les données servant à son calcul.

 

UBS, Credit Suisse, Deutsche Bank, Société Générale, Barclays, Citigroup, dix très grands établissements financiers au total, font actuellement l’objet d’une enquête auprès des principaux régulateurs mondiaux. L’affaire est partie de la banque suisse UBS, première à avoir brisé l’omerta. L’établissement suisse, devenu coutumier des scandales financiers, a obtenu de deux régulateurs la promesse de bénéficier de la clémence des autorités en échange de sa coopération. Le 3 février, la commission de la concurrence suisse (Comco) a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de manipulations de taux interbancaires. Le Libor (London Interbank Offered Rate) mais aussi le Tibor (Tokyo Interbank Offered Rate) et l’Euribor sont concernés.

 

Deux semaines plus tard, le Financial Times révélait que la banque UBS avait suspendu plusieurs traders à Zurich, dont un responsable de l’activité taux. Dans la foulée, d’autres traders ont été remerciés chez JPMorgan Chase, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland (RBS).

 

2. Quel serait l’intérêt des banques à s’entendre ?


Plusieurs hypothèses sont avancées. La première est liée à la crise de liquidités. En plein maelstrom financier, les banques avaient intérêt à ce que le Libor reste bas pour ne pas paraître vulnérables. Selon une autre hypothèse, des traders auraient eu intérêt à manipuler les cours pour s’assurer des plus-values dans leurs portefeuilles.

 

3. Qu’est ce que le Libor ?


Le Libor est un ensemble de taux servant de référence au marché monétaire. Calculés chaque jour à Londres, à 11 heures précises (heure de Londres), ces taux sont publiés par l’association des banques britanniques, la respectable British Bankers’ Association.

 

Tandis que les taux des banques centrales (Banque d’Angleterre, Réserve fédérale américaine, Banque centrale européenne, etc), sont donnés sur une base mensuelle, le Libor reflète les taux auxquels les plus grands établissements privés empruntent quotidiennement entre eux. Il est publié pour les 10 plus grandes devises mondiales et pour 15 maturités, allant d’un jour à 12 mois. Soit 150 chiffres publiés chaque jour.

 

4. Comment est-il calculé ?


Le calcul du Libor est effectué chaque jour à 11 heures (heure de Londres) par Thomson Reuters, qui interroge les banques. Thomson communique le taux le plus bas et le plus élevé, et calcule ensuite une moyenne, qui sert de référence.

Les banques qui participent à ce calcul ne sont pas nécessairement basées à Londres ni membres de la British Bankers’ Association. Elles sont sélectionnées en fonction du volume de leurs activités sur les marchés.

Sur la sellette, la British Bankers’ Association a annoncé qu’elle était en train de réviser en profondeur la manière dont le Libor est calculé.

 

5. Quelle est son importance ?


Une série de produits dérivés échangés sur les marchés de matières premières (Liffe, marché de Chicago) utilisent le Libor comme base de calcul, pour des transactions estimées à 350.000 milliards de dollars. Les taux du Libor servent également à établir un grand nombre de taux d’intérêt, immobiliers ou commerciaux.

"Si elle était prouvée, une manipulation de ces taux d’intérêt impliquerait un coût très important pour l’économie européenne", a affirmé le commissaire européen chargé de la concurrence, Joaquin Almunia.

 

6. Pourra-t-on prouver que les banques se sont entendues ?


La tâche sera loin d’être aisée. Car l’affaire est un puzzle géant, dont il sera extrêmement complexe d’assembler les morceaux. Entamées il y a dix-huit mois, les enquêtes impliquent une dizaine de régulateurs dans le monde entier. Sur le seul territoire américain, plusieurs agences de contrôle se partagent la tâche : le ministère de la Justice, le régulateur des matières premières (CFTC) et le célèbre FBI (Federal Bureau of Investigation). Au Royaume-Uni, la banque Barclays a alerté à la fois le régulateur britannique et la Commission européenne.

 

Si ces procédures aboutissent, les banques encourent des sanctions importantes, tant règlementaires que financières et elles s’exposent à des actions groupées en justice.

 


Sources :
Trouvé sur :
Aller plus loin :
L'Argent Dette 1 et 2 : promesses chimériques (Docus+Article)
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Citation

« Il fut débattu puis décidé que la peur devrait être propagée et entretenue au niveau mondial afin que l’attention reste cristallisée sur le négatif tout en empêchant l’expression positive de l’authenticité.

 

Tandis que les gens deviendraient de plus en plus craintifs et manipulables, leur capacité à penser librement et à exprimer leur authenticité décroîtrait.

 

Le contrôle de l’esprit interdisant clairement toute expression de l’authenticité, l’évolution de l’esprit humain diminuerait ainsi en même temps que la liberté de penser, lors que celle-ci fait l’objet d’un continuel bombardement alliant terreur et négativité. »

 

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